J'ai rarement vu un film qui colle aussi bien à son titre, ou l'inverse. Car c'est bien le but premier de la réalisation comme du déroulement général de l'histoire. Nous faire ressentir la froideur, la solitude et l'isolement des personnages.
Qu'est-ce qu'il en est d'avoir été un membre de la résistance? Nous sommes loin de l'action, du glamour, du romantisme. Mais en plein dans cette réalité, somme toute banale, du quotidien des résistants effectuant leurs missions. Nous percevons le point de vue de différents échelons. Le sommet de la pyramide et la base, comme le stipule le personnage de Jean François Jardie. Du sommet de cette pyramide, on retiendra les choix difficiles mais nécessaire à la bonne continuation de la lutte. L'on sauve aussi souvent que l'on tue dans cet univers emprisonné.
La séquestration dans son propre pays et le cloisonnement de l'être est bien le sujet principal et le mieux mis en valeur pendant ces deux heures de film. Que cela soit les nombreux prisonniers en cellules, les voyages en sous-marin pour l'Angleterre, la longue attente seul dans l'austère carlingue d'un Lancaster le moment de sauter en parachute ou chez le coiffeur ayant affiché un tract du Maréchal Pétain. On ressent la claustrophobie des protagonistes à chaque instant. Encore plus lors de la scène de la tentative d'évasion de Félix. Un profond sentiment d'étouffement nous étreint pour ces trois résistants vivant des minutes interminables, le temps de la vérification de leurs papiers, sous les regards méfiants des différentes sentinelles. Serré à l'intérieur de ce camion, lui-même à l'intérieur d'un sas d'entrée verrouillé, à l'intérieur d'un bâtiment de la Gestapo. Et tout cela à l'intérieur d'un pays que l'on a enchaîné.
Tout au long du film, cette impression désagréable d'enfermement ne nous lâche pas une seule seconde. Même pendant l'escapade en Angleterre, pays pourtant libre où le personnage de Ventura s'aventure dans un bar dans lequel des soldats des deux sexes s'amusent et dansent sans se soucier du bombardement en cours. Il est totalement imperméable à l'ambiance autour de lui, isolé de l'intérieur, enfermé au plus profond de son être.
Il y a d'ailleurs un autre détail pertinent pendant cette scène qui est celui de sa crainte du bombardement, la peur des explosions, des flammes. Contrairement aux gens autour de lui plus habitués à la guerre. Car oui, la vie de résistant à cette époque n'est pas une vie de combattant faisant la guerre, mais celle de criminels faisant de la contrebande, du renseignement, du sabotage et pratiquant le meurtre... Une vie de hors la loi pour ces gens qui n'en étaient pas, pour ces fantômes du passé qui ont combattu pour la liberté.