Le film de Jean-Pierre Melville est une évocation d'envergure de la Résistance pendant l'Occupation; Sont caractère anecdotique, à travers des faits marquants, périlleux, ou quotidiens, ne l'empêche nullement de donner une image générale aux nécessités qui furent celles des résistants.
L'ambition de Melville, d'après un sujet de Joseph Kessel, n'est pas seulement de rendre hommage aux "combattants de l'ombre", à l'esprit patriotique et de sacrifice qui les anime, à la nécessité de l'anonymat qui est leur seul planche de salut; le film montre, de façon très réaliste, les dangers permanents de la lutte dans la clandestinité et, peut-être, la disproportion entre les risques encourus et la portée de la mission. Et Melville de démontrer, froidement, plus que l'infâmie des bourreaux allemands (ou collabos) la cruauté impérieuse, en dépit de la fraternité, des résistants entre eux dans l'obligation de préserver leurs secrets et leur réseau.
Fidèle à son style, Melville ne donne pas dans le rebondissement spectaculaire et dans la frénésie du film d'action. Par sa lenteur affectée, sa précision grave, la mise en scène produit tout au plus un suspense dépourvu d'esbroufe. Bien au contraire, le film apparait d'un grande rigueur. Evidemment, la prestation de Lino Ventura est restée dans les mémoires (la fameuse scène où il coure et, à la fin, l'allusion à celle ou il ne courra pas)