Et le 13 février 1944, Philippe Gerbier décida, cette fois-là, de ne pas courir.
Comme dans tout chef d’œuvre, je n'ai souvent rien à dire sur le coup mais plus d'un mois après, L'Armée des Ombres est toujours dans ma tête.
L'Armée des Ombres c'est d'abord une première entrée chez Melville....Oui, j'aime découvrir un réalisateur par ce qui sonne comme sa quintessence (Et dire que Le Samourai où Le Cercle Rouge sont de très films...).
Car L'Armée des Ombres pourraient être le must d'un seul homme : Jean-Pierre Melville. Signer un tel film relève du génie à n'en point douter.
A travers le parcours de Gerbier (Lino Ventura), Melville nous fait entrer dans le quotidien de la résistance. Se cacher, se fondre dans la masse, bouger, bouger tout le temps, aller en Angleterre, perdre des proches...des frères, se faire trahir, fuir, courir (ou ne pas courir).
Avec une BO somptueuse, Lino Ventura, Simone Signoret, Paul Meurisse; J-P Cassel délivrent une partition somptueuse ponctués de moment de grâce fabuleux. On le sent dés les premières minutes, le camp, la narration de Lino, sa voix, les images, c'est esthétique, captivant. Leur petite équipe défie la grande Allemagne a coup de projet, de transports de marchandises et de recrutement : le quotidien banal de la résistance en somme, un quotidien tragique mais qui a fait l'histoire.
Ensuite les évènements s'enchaînent, une fuite, plusieurs fuite, une exécution et tout va, tout s'en va jusqu'à ce que la mort les sépare définitivement. Il ne faut pas en dire beaucoup plus pour comprendre que ce film fait parti des grands.
Que dire de la du final qui clos le film de la plus belle des manières, que dire du nombre de scènes formidables que le film contient (la fuite dans Paris, le camp, la prise par les allemands, etc.)
Une entrée formidable dans le monde de la résistance, à la fois juste et réaliste, L'Armée des Ombres fait partie de ces films historiques qui tiennent en haleine. Le ton y est sensible, le traitement intéressant et la caméra de Melville est toujours au bon endroit.
Hommage à la résistance mais surtout hommage aux hommes qui ont tout fait pour recouvrer une liberté perdue sans honneur. hommage à un quotidien de la résistance. L'extraordinaire de ce film c'est justement de rendre compte de petite chose pour faire un grand film, très grand film.