The right bluff
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Métrage d'un autre temps, en atteste le noir et blanc, mais surtout le machisme omniprésent d'un Paul Newman magnifique mais surtout magnifié, "The Hustler" est un plaisir délicat à découvrir au 21ème siècle.
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Perdant magnifique, looser soliste, Eddie Felson va entrainer dans sa chute le peu de gens de bonne volonté qui l'auront suivi : une femme aimante, un mentor fidèle, et jusqu'à un ennemi retors.
La scène d'ouverture, dans laquelle l'Arnaqueur feint d'être un mauvais joueur, prépare par une délicate opposition ce qui va advenir : plutôt que l'origin story d'un génie qui va attirer les succès, nous assistons à la chute du virtuose qui a tout pour réussir, mais se plante dans les grandes largeurs. Jusqu'à sombrer.
"Est ce que je suis un perdant ?"
Il faut tout son courage d'homme à Eddie pour souffler cette simple phrase à sa femme à travers ses dents fermées. C'est cette thématique qui m'a vraiment touché. En 1961, au delà de la place importante du rôle féminin, il nous est dépeint un homme fort et orgueilleux, un homme d'un ancien temps, un modèle masculin. Loin de s'arrêter à sa fierté, le film développe ses doutes, sa sensibilité, sa profonde tristesse de ne pas arriver à être ce qu'il se sait capable de devenir.
En ce moment de faiblesse et de partage, on sent dans les yeux d'Eddie ce qu'il ne dira jamais à sa femme, mais ce qui transpire de toute son âme. On sent son amour et sa fierté, sa sensibilité, l'enfant en lui. C'est impuissants qu'on assiste, à ce moment intime qu'il balaye pour réaliser son destin. C'est avec amertume qu'on voit mourir ce qui aurait pu être.
A l'image des parties qui s'éternisent et jouent sur la longueur, la relation de notre héros comme sa destinée s'épuise. Si sa compagne préfère en finir, dans une ultime tentative de fuite de ce milieu toxique, Eddie en est incapable, et va jusqu'au bout.
La sentence cheesy "You're a looser cause you're dead inside" clos un film magnifique, noir et pessimiste. Eddie se retire, alors que les pleurs de la défaite et de la terreur coulent sur son visage de gagnant, du héros intrépide qui a enfin réalisé son objectif ultime mais à quel prix ?
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Créée
le 22 nov. 2018
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