Le cinéma québécois investit un terrain où on ne l’attendait pas forcément et qui nous surprend: celui du conte fantastique familial. Après la comédie d’horreur à base de zombies sorti le mois passé (« Brain Freeze »), malheureusement peu convaincante, on peut dire qu’il y a de l’idée et l’envie de s’essayer à tous types de genres en ce moment dans le cinéma de la Belle Province. Ici c’est plutôt probant à défaut d’être transcendant. En tant que film pour toute la famille durant la période des Fêtes de fin d’année, « L’Arracheuse de temps » est plutôt agréable. On passe un bon moment et le décorum ainsi que la galerie de personnages truculents s’agitant au sein de cette adaptation de la littérature pour enfants devrait enchanter les jeunes et moins jeunes. Et le budget alloué à Fred Pellerin permet au film de rivaliser sur bien des aspects avec la concurrence, américaine ou autre.
On pense forcément beaucoup aux films de Tim Burton, dont d’inspire clairement le cinéaste, dans cette manière de mélanger l’émerveillement et les frissons gentils dans un emballage visuel gothique et baroque. Il y a un peu des « Harry Potter » de David Yates aussi, les plus sombres, et un zeste de certaines œuvres de Robert Zemeckis ici dont la dernière, « Sacrées sorcières ». Bref, entre inspiration, hommage et singularité propre, « L’Arracheuse de temps » a de la gueule. Et d’ailleurs le film commence sur les chapeaux de roue en présentant tous ces personnages amusants, iconoclastes et bigarrés. Le décor de la petite ville à une époque passée mais indéfinie est enchanteur et du meilleur effet tandis que les effets spéciaux sont impeccables. Le film regorge de petites trouvailles amusantes et ludiques (le four à tarte ou la ribambelle d’enfants d’une habitante) et on passe généralement un bon moment.
Mais l’intrigue du film (et donc l’adaptation qui en a été faite par le biais du bouquin) finit par tourner un peu en rond et se limite à cette histoire de pommes et de Mort qui rôde. Ou alors le film est trop long et aurait pu être plus synthétique. De la même manière, on aurait aimé voir plus de magie et de merveilleux. Hormis cette figure fantomatique (et au design très réussi) qui rôde, tout cela manque quelque peu de fantaisie (rien que le personnage de la Stroupe aurait pu être plus présent et davantage mis en avant justement pour cela). On décroche donc un peu dans la seconde partie avant un final satisfaisant. Et le procédé de narration qui consiste à faire raconter cette légende par une grand-mère à son petit-fils n’était pas absolument nécessaire. « L’Arracheuse de temps » est donc sympathique, visuellement rutilant et abouti mais il lui manque un petit quelque chose pour vraiment être réussi.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.