Assurément un des films les plus osés de Kazan, avec un montage époustouflant, des images étonnantes, un vent de folie jouissif et une ironie mordante, The Arrangement se perd toutefois dans les entrelacs d’une lecture psychologique assez ennuyeuse et vaine.
Dès le début pourtant, le spectateur se fait happer par cette scène d’introduction pleine de promesse, réveil du couple à l’allure mécanique comme chez Tati, personnages-robots pris dans un engrenage consumériste et un quotidien dépossédant, critique d’un capitalisme aliénant et matérialiste. Ce réveil sonne aussi celui du personnage principal, Eddie, qui se rend compte de l’absurdité de sa tâche, du manque de sens de sa vie, de l’échec de sa relation conjugale et familiale : bref, une grosse crise existentielle le submerge.
De là, apparaissent les personnages secondaires comme l’amante et la femme, le père et la mère, la fille et les frères, des collègues, l’avocat de famille et autres, dont la fonction narrative est celle de nous éclairer l’âme d’Eddie, dont on ne comprend pas au premier abord le geste fou. Entre psychanalyse et exploration de la mémoire, entre analepse (flashback) et prolepse (flashforward), entre jouissance et souffrance, regret et espoir, silences et bavardages, Kazan tisse un récit à la forme surprenante, moderne et audacieux (rappelant à certains endroits Providence de Resnais), parfois créatif et délirant, parfois redondant et lassant, pour desservir une recherche introspective, certainement proche de l'expérience personnelle de Kazan.