Avec L'Arrangement, Elia Kazan propose l'un de ses films les plus personnels, adaptant l'un de ses propres livres. Il nous raconte l'histoire d'un homme qui a tout ce qu'il faut pour être heureux mais qui va rejeter son présent puis se remettre en question.
Le scénario de Kazan étudie et brasse de nombreuses thématiques avec intelligence et justesse, notamment sur les fantômes du passé, le sens de la vie, la place du père (décidément imposante dans la filmographie de Kazan) ou encore le trouble psychologique, posant en même temps des questions sur le matérialisme et même l'industrie. C'est un scénario qui évite toutes les caricatures ou clichés auxquels ce genre peut être facilement confronté.
La narration oscillant entre passé, présent et rêve est parfaite, l’atmosphère mystérieuse, parfois sombre, captivante et surtout fascinante. Les personnages sont très bien écrits et notamment le principal auquel on s'attache sans aucune difficulté et dont on ressent toutes les émotions qui rend encore le film plus fort et poignant.
Kazan rajoute quelques touches lyriques à son récit et notamment dans la première partie et l'apport de la musique n'est pas négligeable, que ce soit en elle-même ou son utilisation. Comme souvent sa direction d'acteurs est extraordinaire, Brando, Clift, Beatty ou encore Natalie Wood en ont profité avant, De Niro après, c'est au tour de Faye Dunaway, Deborah Kerr et surtout Kirk Douglas de briller, ce dernier livre une composition d'une justesse et d'une force incroyable.
Loin d’être l’œuvre la plus connue d'Elia Kazan, c'est pourtant l'une de ses plus réussies, une œuvre poignante, fascinante, troublante et intelligente dont on ne ressort pas totalement indemne et qui fait réfléchir.