Premier long métrage de Miloš Forman s’intégrant dans la mouvance de la nouvelle vague Tchèque, L’As de pique est tourné dans la foulée de ses moyens métrage Ah, s’il n’y avait pas ces guinguettes et L’audition où il y applique la même formule, un mélange de fiction, de documentaire, d’improvisation dans un récit faisant la part belle aux jeunes, mêlant travail, insouciance et conflit générationnel.
Ici Petr est un garçon de seize ans décrochant un petit boulot dans une épicerie au sein de laquelle il devra surveiller la clientèle et traquer les éventuels voleurs, ce qu’il va vite rechigner à faire. Petr est surtout attiré par la belle Asa, qu’il tente de séduire au lac ou au bal populaire. On le verra aussi lors d’altercations avec deux autres garçons. Cette nonchalance et cette indécision rendent électriques ses rapports avec son père ou son patron, pures figures de la normalisation et de l’autorité.
C’est un beau portrait de la jeunesse Tchèque, peu avant le printemps de Prague. Un film d’une étonnante légèreté, quelque part entre le free cinéma britannique et une dimension plus bressonienne, portée sur les gestes, détails, dans un précipité de spontanéité assez merveilleux. Beaucoup pensé au Deep end, de Skolimowski, aussi. La photo signée Jan Nemecek est sublime.