L'Ascenseur
5.4
L'Ascenseur

Film de Dick Maas (1983)

Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai une soif inassouvissable de petits films d’horreur inconnus et d’une médiocrité divertissante. Un jour, alors que je cherchais de quoi nourrir cette déviance masochiste, je suis tombé par hasard sur un film néerlandais de 1983 et réalisé par un certain Dick Maas. Un film qui met en scène un ascenseur meurtrier. HOUHOUUUUUU!!!!!!!!!!


Après que la foudre s’abatte sur un édifice à logement, un ascenseur commence mystérieusement à faire des victimes. Le directeur de l’immeuble contacte alors un réparateur d’ascenseur, Félix Adelaar (Huub Stapel) pour qu’il résolve le problème. À première vu, tout semble fonctionner normalement. Ne trouvant pas de solution au problème, Adelaar va s’associer avec une jolie journaliste, Mieke de Beer (Willeke van Ammelrooy) pour enquêter sur les causes de l’anomalie. L’enquête va leur mener vers une conclusion des plus terrifiante.


Les films se consacrant sur des technologies inoffensives qui deviennent soudainement des assassins sans vergogne ne sont pas légion dans le cinéma l’horreur. Dans tout ce que j’ai pu voir, L'ascenseur est possiblement le plus réaliste et le plus terrifiant si une telle chose devait arriver dans la réalité. J’ai déjà vu un homme transférer son âme dans le corps d’une poupée pour enfant. J’ai contemplé un météore réveiller tous les camions d’une petite ville. J’ai également assisté au carnage d’une presseuse possédé par le démon. Comme un Johnny 5 version diabolique, notre ascenseur meurtrier prend naissance dès que la foudre s’abat sur l’immeuble. Ce n’est peut-être pas la façon la plus originale pour faire vivre un objet inanimé, mais c’est sans doute la plus vraisemblable. N’est-ce pas l’électricité qui peut réanimer un corps mort, tout comme le monstre de Frankenstein?


Mais quand je parle de technologie inoffensive, je mens un peu à moi-même. En effet, le film n’est qu’un joli prétexte pour évoquer les risques réels de la nanotechnologie, bien qu’il ne mentionne jamais ce nom dans le film. Nous sommes en 1983 et on évoque déjà la peur et les dangers d’une technologie qui est à ses premiers balbutiements, soit la miniaturisation des puces électroniques. Lors de mon visionnement, et plus spécifiquement durant la scène qu’on y consacre, j’ai été très surpris de constater toute la lucidité et la vraisemblance des propos sur le sujet. Encore aujourd’hui, la nanotechnologie est un sujet très d’actualité, et penser qu’une machine peut prendre ses propres décisions est probablement la chose qui m’effraie le plus en ce bas monde… après la combustion spontanée bien entendu.


Parce que oui, un ascenseur peut-être aussi terrifiant qu’un Terminator. Dans L'ascenseur, on a vraiment l’impression que l’ascenseur est doté d’une vie juste avec la manière dont il joue avec ses victimes. Au départ, l’ascenseur n’est pas assez fort pour tuer totalement, n’asphyxiant que ses occupants jusqu’à l’inconscience. Plus le film avance, plus l’ascenseur commet des meurtres vicieux. On a droit à la classique tête coincée dans les portes, à un aveugle qui ne verra pas sa mort arriver et un concierge se ferra surprendre part on ne sait quoi. La scène la plus stressante est sans doute celle mettant en vedette une petite fille et sa poupée. C’est d’ailleurs avec cette scène que l’on comprend clairement les intentions malveillantes de la boîte métallique.


La séquence finale est le moment le plus angoissant du film. C’est là qu’on voit que le réalisateur prend son sujet au sérieux. Dick Maas crée une belle ambiance sinistre en jouant avec les sons ambiants. Alors qu’Adelaar s’engouffre dans la cage d’ascenseur pour découvrir la vérité, la tension augmente chaque minute. L’espace est restreint et sombre. Le personnage n’a qu’en sa possession une lampe. Lorsque ce dernier monte dans la cage d’ascenseur, on n’entend que le bruit du moteur, le grincement des poulies et l’oscillation des câbles de métal. Rajoutez à cela un bruit de vent lors des longs silences et vous obtenez une tension à découper au couteau. Outre ce charme auditif, on a droit à une révélation finale digne d’un film de David Cronenberg, ce qui n’est pas du tout déplaisant. Les dernières minutes du film offrent quand à lui, un dernier frisson aux spectateurs.


Malgré quelques moments d’essoufflements ici et là, L'ascenseur se visionne avec beaucoup d’intérêt. Le personnage principal est attachant et l’enquête qu’il entreprend nous garde en haleine. Finalement, je ne suis pas du tout surpris que le film ait remporté le grand prix du Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1984. Dick Maas a assez de talent pour nous raconter une bonne histoire à partir d’une idée complètement farfelue.

VHS_Guy
6
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le 9 juin 2019

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