L'Ascension n'était pas sur mon planning, surtout qu'Ahmed Sylla ne me fait pas rire, ni même sourire. Mais on me l'a tellement vendu, que j'ai cédé à la pression sociale. Une erreur habituelle de ma part, surtout à cause de ma curiosité. Finalement, ce n'est pas si mal, même si c'est clairement un produit formaté pour le dimanche soir de TF1.
La séance démarre mal, à cause de cinq petites débarquant en toute discrétion au premier rang et sortant leurs portables pour faire des snaps et autres trucs bien pénibles quand la salle est dans la pénombre. Mon lancer de bouchon de coca n'a pas eu d'effet, se perdant dans l'immense touffe de l'une d'elles.... Bref, au bout de quelques minutes, elles se sont rappelées qu'elles n'étaient pas dans le salon de leurs daronnes mais dans celui de la mère à Samy Diakhate (Ahmed Sylla). Enfin, le gars était déjà dans le taxi à son père, puis avec trois bolosses de son quartier, avant d’atterrir au Népal. On ne nous laisse pas le temps de faire connaissance avec lui, cela se fera à travers des flash-back lors de son ascension.
C'est une comédie romantique d'aventure. Voilà comment je définis ce film où l'humour est en dents de scie. Ahmed Sylla est impeccable, il dégage une sympathie et une tendresse, qui rend son personnage attachant, c'est une belle surprise. Il forme un adorable couple avec la divine Alice Belaïdi. C'est mignon, mais ça ne fait pas un film. Pour sa première réalisation, Ludovic Bernard s'est un peu emballé. Il a vu trop grand et se fait écraser par la minceur de son intrigue : Samy s'attaque à l'Everest pour prouver son amour à Nadia. A part ça, pas grand chose. On a droit à toutes les scènes faciles, comme la mère de Samy qui débarque au taf de Nadia pour la pourrir d'avoir poussé son fils à faire cette connerie. Un moment dramatique confirmant que ce n'est pas vraiment une comédie et surtout, que c'est une catastrophe quand cela veut se prendre au sérieux. Puis l'absence de rythme n'aide pas le film à prendre de la hauteur. La faute à une réalisation incapable de donner de l'amplitude à ce dépassement de soi et de nous faire prendre conscience de l'exploit, en ne sachant pas nous faire ressentir l'altitude. On va se contenter d'une inscription en bas à droite de l'écran, de la Courneuve à l'Everest, en passant par les différents camps.
L'histoire est belle, mais pas tout à fait vraie. Le film est librement adapté du livre de Nadir Dendoune "Un tocard sur le toit du monde". Au cas ou vous ne seriez pas au courant, Nadir est d'origine algérienne, alors que Samy est d'origine sénégalaise. Certes, on m'avait prévenu de cette modification, mais ça fait tout de même un peu bizarre à la fin quand les deux hommes se succèdent à l'écran. C'est peut-être un détail pour vous, mais quand en plus j'apprends qu'il n'a pas fait ça pour l'amour d'une femme, je me dis qu'on me prend pour un con. Je me plains assez des œuvres de Clint Eastwood et Peter Berg réécrivant l'histoire comme dans American Sniper et Du sang et des larmes, ce n'est pas pour que les français fassent de même. Bien sur, ce n'est pas dans le même genre. Les ricains font cela par patriotisme, alors que les français font ça pour que le film soit formaté pour le prime-time, mouais au final, ça reste un gentil produit commercial.
L'argument pour me vendre ce film, c'était : enfin une histoire qui donne une bonne image de la banlieue. C'est vrai que le cinéma, mais aussi les médias (comme on vient de le voir à Bobigny), préfère exploiter la violence, le trafic et autres aspects négatifs de ces barrières d'immeubles, au lieu de nous raconter les côtés positifs. La Haine avait jeté les bases de ce genre dans le paysage cinématographique, en s'en prenant déjà aux médias et à la police, mais en restant dans la noirceur. Pourtant récemment on a eu La vie en grand ou Brooklyn, mais ils n'avaient pas un comique populaire en tête d'affiche, donc forcément ils sont passés inaperçus. Puis franchement, vous avez besoin de voir ce film pour savoir que la banlieue n'est pas aussi morose que ce que les médias ou "patriotes" veulent faire croire à une partie de la France, qui ne la voit qu'à travers son tube cathodique?
C'est un film sympathique, parfois distrayant et d'autres fois ennuyant. L'ascension se passe tranquillement, avec peu d'accrocs et d'humour. On va avoir droit à Johnny Hallyday, Zinedine Zidane et Louis de Funès en guests pour entourer ce casting plutôt agréable avec Ahmed Sylla, Alice Belaïdi, Nicolas Wanczycki et Umesh Tamang.