Ce pamphlet suédois des années 80 se résume à une compilation sans retenue de stéréotypes particulièrement grossiers et usants appartenant à plusieurs thématiques périlleuses, l'exploitation de l'homme par l'homme, l'idiot du village, le bon sens des gens simples, etc. C'est une horreur. Stellan Skarsgård au début de sa carrière incarne un homme atteint de TBPI (très bas potentiel intellectuel, je me permets d'inventer des acronymes) maltraité de mille manières différentes, Hans Alfredson ne faisant pas la fine bouche et déversant toute la misère qu'on peut imaginer sur son personnage. Sven est présenté comme un idiot (mais gentil, bien sûr), sa mère meurt prématurément, il est envoyé à la ferme d'un grand méchant riche (interprété par le réalisateur lui-même), il y sera exploité jusqu'à l'os et humilié quotidiennement, puis il tombera sur une gentille famille pauvre qui prendra soin de lui, avec une gentille fille handicapée, mais le sort continuera de s'acharner sur lui en l'empêchant de conduire la moto de ses rêves, et quand il y parviendra on la lui subtilisera, et ainsi de suite.
Tout cela est d'une lourdeur incommensurable, totalement indigeste, avec le manichéisme le plus absolu pour dépeindre les méchants qui maltraitent (en bons proto-nazis de la Suède des années 1930-1940, premier degré) et les gentils qui compatissent (jolie famille aimante et aidante). Pour marquer les mémoires Hans Alfredson (qui est d'ailleurs le père de Daniel et Tomas) inscrit son histoire au creux d'un flashback tout aussi subtil que le reste, histoire de faire un raccord final avec le présent à la fin, après déversement de rage sanglante et ultime geste suicidaire. La tonalité oscille entre un pseudo-réalisme sur la misère paysanne et quelques insertions fantastiques censées alimenter des pulsions surréalistes (apparitions d'anges vraiment hideux). On a vraiment l'impression que le film a été écrit par son personnage principal, aussi grossier dans la façon de dépeindre des horreurs que les quelques instants de bonheur.