Soucieux de faire perdurer la qualité du cinéma français d'avant guerre, Alfred Greven, dirigea la Continental Films durant l'occupation. Une société officiellement française, mais aux capitaux allemands et surveillée par le régime nazi. Cas quasiment unique pour un pays envahit en période de guerre, ce studio réussit l'exploit de garder une production de qualité en s'affranchissant habillement de la propagande de guerre, alors que la production allemande durant cette même période était vérolée de l'intérieur par les discours nazis.
"L'assassinat du Père Noël" fut le premier film à sortir du studio. On y retrouve l'esprit provincial franchouillard mêlé de suspens et de comédie qui avait fait le succès des "Disparus de St Agil" avant guerre du même Christian-Jaque. Mais le film qui aurait pu se contenter d'être qu'un petit divertissement, va bien plu loin grâce aux moyens du studio. D'abord un casting exceptionnel, que l'on retrouve régulièrement dans les films du studio. Mais aussi des techniciens de qualité qui apportent au film un plus incontestable. La qualité de la photo est ici digne d'un film noir américain et il faut remarquer des plans de machinerie et de montage très moderne pour l'époque (la fête à l'auberge). Sous son air de film populaire de grand-père, se cache une vraie oeuvre cinématographique.
A noter qu'on y trouvera dans l'adversité du maître d'école et du curé, les prémices d'une future saga célèbre (Don Camillo).