C'est le premier film de la Continental, société de production allemande installée à Paris en 1940, cette compagnie qui réussit à faire des films 100% français sous contrôle allemand mais en contournant habilement le côté propagande. L'Occupant avait remis le marché du cinéma français dans les mains de certains réalisateurs comme Christian-Jaque qui s'acquitta honorablement de cette tâche, en menaçant de geler les maisons de productions françaises si les réalisateurs refusaient de travailler pour la Continental. Goebbels avait donné comme instructions de faire des films légers, si possible vides et un peu stupides.
Fort heureusement, L'Assassinat du père Noël, adapté d'un roman de Pierre Véry, comme les Disparus de Saint-Agil tourné 3 ans plus tôt par Christian-Jaque, ne se révéla pas "vide et stupide", c'est un conte de Noël d'atmosphère villageoise (tourné à Chamonix) dont l'intrigue était assez habile et servie par de bons acteurs comme Harry Baur, Robert Le Vigan, Fernand Ledoux, Jean Brochard ou Jean Parédès... et dont la symbolique semble ne pas avoir été perçue par le public de l'époque. On découvre en effet des intentions cachées dans le dialogue : la France en léthargie, le Sauveur qui doit la réveiller (De Gaulle), un nouveau symbolisme de la Belle au Bois Dormant etc. Plutôt plaisant, le film suit une direction un peu fantaisiste, dans un ton finalement insouciant qui reflète le fait que la Continental laissait une grande liberté d'expression. Vu aujourd'hui, le film peut se savourer ainsi avec même un petit côté nostalgique. Ce n'est pas un grand film, mais il n'est pas à dédaigner.