Emmenée par l’envoûtante musique de Maurice Jaubert, la plus belle étreinte du cinéma ET la seule étreinte réalisée uniquement par le biais du cinéma.
À l’image de cette terrible nuit d’insomnie durant laquelle le montage sépare Juliette et Jean pour mieux les réunir dans ce rêve de surimpression, le film tout entier est un corps que Vigo, poète-explosif et cinéaste-éclair, manipule à sa guise. Manière anarchiste, soviétique ou surréaliste, tout y passe. Vigo imite ceux qu’il aime, s’inspire de tout ce qu’il veut, et en même temps fait comme si rien n’avait jamais été filmé avant lui, eau, brume, dos, torse, beaux cheveux, loup de mer brocanteur, marinier au cœur dur ou jeune fille songeuse aux yeux couleurs du temps. Tout, Vigo réinvente absolument tout parce qu’il est totalement libre et, sous l’œil de sa caméra, réussit à faire naître de chaque chose en mouvement désir et révolte, plaisir et exaltation.
Vigo jouisseur, Vigo forever.