Pauvre Cassie.
Cassie est une étudiante.
Elle voudrait rentrer dans l’équipe de pom-pom girl, comme sa maman, capitaine de l’équipe à son époque. Ce n’est pas possible car Cassie est empotée et laide (selon les critères du film).
Mais c’est une nerd. D’ailleurs elle a des lunettes à grosses montures, les cheveux un peu ébourriffés et des problèmes de peau. C’est une scientifique, elle travaille sur un projet pour améliorer la beauté des créatures.
Qu’elle va utiliser sur elle.
Les problèmes de peau disparaissent, le maquillage se fait tout seul, elle prend de la poitrine, et possède maintenant des capacités athlétiques aptes à la faire rentrer chez les pom-pom girls.
Il n’y a qu’un seul problème : elle va grandir, grandir, un peu trop même.
Quel beau discours que nous offre ce film sur le passage à l’âge adolescent, sur les difficultés du corps, sur la confiance en soi !
Ou pas.
On peut s’amuser à voir le film sous cet angle, mais il ne faudrait pas le considérer comme plus intelligent qu’il ne l'est.
Car L’attaque de la pom-pom girl géante est évidemment un pur film d’exploitation, vague clin d'oeil à Attack of the 50 Foot Woman (1958). Il a été diffusé sur une chaine du cable américain peu regardante. Aux commandes, le capitaine est Kevin O’Neill plus habitué aux effets spéciaux de films et de séries mais qui a tout de même une belle carrière dans la série B avec ses réalisations Dinocroc, Dracano ou Sharktopus vs Pteracuda. Le métrage est produit par Roger Corman, grand pape du genre, qui fait même une apparition ici.
Qu’est-ce qu’il exploite alors ?
Le fantasme bien américain de la pom-pom girl américain, d’abord. Le film annonce le programme dès les premières images où des fessiers se tremoussent. Les principales actrices y dévoileront leurs charmes, mais elles ont toutes la poitrine refaite, beurk. C’est un érotisme polisson assez attendu, mais qui va parfois trop loin dans ses dialogues, un peu trop graveleux, notamment sur la grande Cassie.
Le film exploite aussi la promesse d’une fille de rêve dans des proportions hors normes. Les macrophiles en auront pour leur argent, les autres qui pourraient attendre un peu plus de folies risquent d’être déçus.
Le métrage est d’ailleurs plus intéressant quand Cassie est confrontée à sa nouvelle situation, celle d’une femme qui découvre et profite de ses nouveaux talents. Sa nouvelle confiance en elle rend le personnage attachant, malgré les problèmes elle garde sa bonne humeur et un certain optimisme.
Une fois géante, le film ne semble pas quoi faire de la situation, il patine longuement. Cassie se cache ou est faite prisonnière, sans grands frissons. Le film temporise, utilise quelques effets spéciaux sans trop crever le budget, mais l’ennui guette. Heureusement, la péripétie finale dans le cadre offrira un peu plus de spectacle.
Enfin, le film exploite aussi, il faut bien l’avouer, la crédulité du spectateur. Ce dernier acceptera ou pas les faiblesses d’un métrage qui veut bien lui proposer un peu de ce qu’il attend, mais sans trop en faire non plus.
Il y a évidemment tous les petits creux du scénario, ces facilités un peu trop évidentes qu’il faudra bien accepter. Le manque de profondeur des personnages n’est pas si regrettable, leur simplicité étant à l’image du film.
Ce n’est évidemment pas très bien joué, mais avec une décontraction assumée ou à l’inverse des caractères très marqués. Jena Sims dans le rôle de Cassie est une bonne surprise, même si son jeu n’a rien d’exceptionnel. D’autres acteurs un peu plus connus apparaissent dans le film, à l’image de Treat Williams, Sean Young, Ted Raimi ou Mary Woronov, qui ont des rôles secondaires mais importants, probablement ici pour l’argent mais qui ne semblent pas (trop) le regretter. Il est plus surprenant d’y voir le grand John Landis dans deux scènes, où il se fait ridiculiser par sa classe de jeunes trop occupés sur leurs téléphones portables.
(Pourquoi ? Pour dire qu'il est has-been ?)
Il faudra aussi accepter les limites du budget du film. Quand Cassie ne fait que quelques têtes de plus, les efforts pour la rendre plus grande font sourire, en jouant sur les perspectives ou en la surelevant. Une fois qu’elle a pris sa taille géante, l’incrustation numérique est parfois plus délicate, souvent bien trop visible. Et on ne peut pas dire que le film exploitera les effets spéciaux, cela reste bien sage.
L’attaque de la pom-pom girl géante est clairement un film de série B(igger) qui a pour but de divertir, d’offrir un petit moment distrayant. Et il ne fera strictement rien de plus, et ce qu’il le fera il le fera sans trop d’efforts mais avec un certain allant. Il ne remplit pas toutes ses promesses, mais il a réussi un faire de Cassie un personnage simple et optimiste, bref attachante. C’est bien suffisant pour avoir envie de découvrir comment elle va résoudre cette situation.