It feels good to feel bad.
Parfois, je suis très déprimé. Je choisis alors de cultiver mon chagrin en m'entourant de choses tristes, en espérant que cela m'arrachera des larmes. Mais je ne dépasse jamais le stade des yeux humides. J'écoute donc "The crown of love" d'Arcade Fire, "Ike's rap II" d'Isaac Hayes, et je me regarde un ou deux Bergman. ça tombe bien, en ce moment, je suis totalement dans cet état d'esprit.
L'attente des femmes : quatre femmes attendent leur mari qui viennent du boulot pour les vacances d'été. En attendant, l'une, Rachel, se met à raconter comment son couple a surmonté l'aventure qu'elle a eue le temps d'un jour avec un playboy égoïste qui lui courait après depuis l'enfance. Après des velléités de suicide, le mari revient, et tous deux tiennent, par peur de la solitude.
Ces confidences encouragent les autres à se confier. Une deuxième, Marta, raconte son amour romanesque à Paris avec Martin, le cadet d'une famille d'industriel. Un artiste, dont elle tombe enceinte. Mais au moment où elle va le lui annoncer, elle trouve toute la famille réunie, des hommes d'âge mûr très "square" qui annoncent la mort du père et le refus de reconnaître la jeune femme dans la famille. Bouleversé par la mort de son père, Martin disparaît.
Une troisième, Karin, mariée au frère aîné de Martin, Fredrick, raconte une histoire en apparence plus légère. Tous deux forment un vieux couple, avec des attentions, mais pas de chaleur intérieure. Cela en grande partie à cause de Fredrick, qui fait passer le travail et les convenances sociales avant tout. L'épouse parle un peu avec Martin, qui désespère de ne pas avoir de nouvelles de la jeune accouchée. Puis le couple rentre. L'ascenseur est en panne, ils sont coincés. Karin fait subir à son mari un assaut de taquineries, mais au fur et à mesure de la nuit, les confidences se font inévitables. En bluffant avec le seul nom de maîtresse qu'elle a pu surprendre, Karin arrive à faire avouer à son époux qu'il l'a trompée. Elle-même prétend l'avoir fait aussi, mais reste dans le vague. Au matin, l'humeur semble à la romance, mais les affaires tirent vite Fredrick de son humeur romantique.
La jeune fille, Maj, qui a tout écouté, a de son côté une bluette et veut fuir à l'étranger avec son amoureux. Rachel s'en inquiète, et a pitié de les voir galérer pour allumer le bateau à moteur qui pour eux symbolise la liberté. Son mari vient la consoler : que ces jeunes profitent de l'été, les blessures viendront bien assez tôt. Rachel abandonne ses sanglots, embrasse son mari en criant : "je suis heureuse".
Le noir et blanc est élégant, mais pas encore très inspiré, au-delà de l'imagerie suédoise traditionnelle des lacs, des barques, de la nature ensoleillée, de cette ambiance de vacance si propre aux films heureux de Bergman. On retrouve déjà le thème du couple comme cage dont on apprend à aimer/détester les barreaux. Ici, la conclusion est au fond optimiste, car le dialogue, la confession amènent une forme de libération.
Ha, et la scène de danse me confirme ce que me disait une amie : les Suédois dansent comme des pieds, mais leur force, c'est que ça ne les complexe pas du tout. ^^
Ce n'est pas le plus grand Bergman, mais c'était ce qu'il me fallait. Merci Ingmar.