Au début, je me suis dit que je ne connais ni Claude Schmitz, réalisateur belge et ni les acteurs qui figurent dans ce film de presque deux heures sauf un.
Et puis si, Olivier Rabourdin qui me paraissait familier a été vu dans un rôle dans le très bon film, Boîte Noire, au côté de Pierre Niney. Ici, dans L'Autre Laurens, il tient le rôle principal d'un détective qui enquête sur la disparition de son frère jumeau qui aurait été assassiné. Une enquête à la demande de la nièce, Jade, jouée par l'actrice, Louise Leroy, la jolie révélation de ce film. Et puis il y a Rodolphe Burger, d'habitude chanteur et guitariste aux multiples projets depuis la dissolution de Kat Onoma au début des années 2000. De le voir jouer un rôle, ici d'un flic qui donne la réplique à son adjoint, Francis, joué par Francis Soetens, est ce qui a attisé la curiosité et il faut dire qu'il est assez drôle à voir avec sa posture un peu crispée dans les courtes scènes où il est présent mais il s'en sort bien. D'ailleurs, le grand rocker alsacien participe aussi, en accompagnant le compositeur principal Thomas Turine, à la bande originale où le son de sa guitare, chaude et aérienne, est reconnaissable des initiés ne serait-ce que dans la bande annonce.
Mais le film dans l'ensemble ? C'est un polar, pas vraiment vif, où les dialogues en français, en anglais et en espagnol se croisent, mais on suit volontiers le détective et sa nièce dans une région méditerranéenne et frontalière avec l'Espagne. Des révélations familiales vont sortir pour exposer de vieux secrets et une vieille rancune fraternelle vis à vis du jumeau disparu. Un maelstrom familial au milieu duquel se trouve la jeune Jade surveillée de près par une bande de bikers patibulaires dirigée par la belle-mère, sous les traits de l'actrice Kate Moran, cette dernière qui semble également être au cœur d'une magouille.
Le film contient des plans fixes nocturnes souvent stupéfiants et hypnotiques avec ses lumières dont les reflets souvent spectrales sur l'objectif de la caméra donnent aussi l'impression de voir quelques ovnis, comme lors de la scène où les bikers partent sur leurs motos les phares allumés.
La fin, qui pétarade dans un ultime règlement de compte, donne un côté western où se prolonge une dernière tragédie vers un dernier plan superbe où l'un des personnages marche seul dans un paysage semi-aride.
Comme il a été dit, L'Autre Laurens est un film qui n'est pas vraiment vif mais la lenteur se prête bien au climat qui laisse le temps de contempler et de réfléchir, loin d'une surenchère d'actions comme tant de blockbusters aiment nous abrutir avec. Il y a une envie de se laisser prendre et, ma foi, de reprendre la route pour profiter une nouvelle fois de l'ambiance que la réalisation de Claude Schmitz dégage.