Il est parfois difficile d’accepter son reflet dans le miroir, qui plus est lorsqu’on partage son visage avec un ignoble frère jumeau. Gabriel est à peine ébranlé lorsque sa nièce vient lui apprendre la mort de ce double alors qu’il doit organiser les funérailles de sa mère. Convaincue que la mort de son père n’est pas un accident, la jeune Jade persuade malgré tout son oncle, grisé par sa vie de détective privé, de s’embarquer dans une enquête intime sur ce jumeau oublié. Du film noir doucement éclairé aux néons, le spectateur est happé vers l’absurde polar d’auteur à l’enquête faussement complexe, appesantie par son rythme engourdi et sa musique atmosphérique. Les innombrables personnages caricaturaux se rencontrent sans fracas pour nouer les fils tordus d’une intrigue banale et déjà vue. Dans ce salmigondis esthétisant et soporifique, Claude Schmitz tente de suggérer une contemplation de la gémellité et de ses implications philosophiques avec la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Seuls Olivier Rabourdin, jouant avec rugosité les deux ménechmes, et Louise Leroy, excellente en jeune bourgeoise à la recherche de sa vérité, parviennent à sortir la tête de l’eau stagnante. À trop chercher l’originalité dans la complexité, on en oublie les bienfaits de la simplicité.