Avec Isabelle Huppert, ah Isabelle Huppert. Se pose la question de l'existence, et de son sens. Les attaches dont le personnage est le noeud se dénouent au fil du film : les enfants partent, son mari la quitte, sa mère s'éloigne puis meurt, sa maison d'éditions la renvoie. Elle se retrouve seule, et libre. Avec cette question "Que faire?", "Pourquoi vivre?". Elle y répond de manière furtive lorsqu'un ancien élève lui reproche son existence bourgeoise cantonnée à la sphère privée : "J'enseigne à des adolescents à penser par eux-même". Par les diverses lectures dont le film est entrecoupé, elle semble nous indiquer qu'une existence au-delà du charnel est possible. Alors qu'elle dit, un brin amusée, avoir quitté ses lectures révolutionnaires de jeunesse, elle semble retourner au-delà, dans le passé de l'humanité, aux racines de la philosophie, vers ce désir de la sagesse, l'acceptation et le détachement des passions qu'elle nous enseigne. Alors que nous construisons nos vies sur le couple, la famille, et l'avenir, elle nous rappelle qu'une existence hors de ces cadres est possible, où la vie intellectuelle n'est pas un succédané, mais l'affirmation de sa liberté, et le bonheur conscient hors des normes. Où le présent est une éternité.