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Après avoir été écarté pendant plus d’un mois des cinémas, l’Avenir était l’occasion pour moi de renouer avec cette ambiance unique qu’est celle des salles obscures.


Ours d’argent du meilleur réalisateur au dernier festival de Berlin, force est de constater que le film commence d'emblée par des choix forts en matière de réalisation : un flashback initial dont on sent tout de suite qu’il va prendre une importance primordiale, un jeu de lumières mettant en évidence les troubles de la vie de Nathalie… Choix qui seront d’ailleurs confirmés tout au long du film avec des changements de plans très brutaux, qui illustrent à merveille les bouleversements de la vie qui jalonnent le film.


Isabelle Huppert livre une performance très convaincante en interprétant donc Nathalie, professeur de philosophie parisienne qui partage ses temps entre son travail de professeur, son activité d’auteur et sa vie de famille, souvent troublée par le besoin d’attention d’une mère dépressive. Le film nous plonge dans une réflexion tantôt philosophique, tantôt sociétale, qui s’avère plutôt réussie, et dans laquelle le personnage de Nathalie nous guide à merveille.


Illustrées parfois par les désagréments de la vie du personnage principal (comme dans une excellente scène où Isabelle Huppert marche dans la boue, téléphone en main, au milieu de nulle part, pour trouver du réseau), parfois par ses réflexions en tant que professeur (même si celles-ci sont parfois assez caricaturales et loin de ce qu’un véritable professeur pourrait dire, comme la réflexion sur l’Histoire comme étant une vérité établie, ou la rapidité du point Godwin dans le débat avec les élèves), les interrogations suscitées par le film demeurent très intéressantes : après le deuil, quelle place reste-t-il pour la mémoire ? Pourquoi reste-t-on captivés par le modèle de la famille parfaite, malgré l’échec de celui-ci ? Quels liens entre obscurité, savoir et connaissance ?


Le film illustre également d’autres éléments, certainement malgré lui, à travers le personnage de Fabien, ancien élève de Nathalie, avec lequel elle a conservé des liens. Ainsi, le message subliminal, glissé au début du film, et qui fait du couple la condition sine qua non du bonheur, constitue une erreur grossière. De même, l’opposition entre les élèves de Nathalie et Fabien nous permet de nous rendre compte de la différence entre l’enseignement secondaire, pur, fascinant, articulé autour de la culture générale, et ce jeune homme hors des réalités, perverti par la bien-pensance du système universitaire.


Mia Hansen-Love livre donc un film divertissant et intéressant, porté par une solide Isabelle Huppert, et des acteurs secondaires tout aussi excellents (mention spéciale à André Marcon). J’ai passé un bon moment.

Quentin_Boussar
7
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le 19 avr. 2016

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