Avec "L'aventure de Mme Muir", Joseph L. Mankiewicz s'aventure dans le domaine du surnaturel. Mais ici s'il est question de fantôme et de maison hantée, c'est au service de la romance et non de l'effroi. Voici donc Lucy Muir, jeune veuve achetant un cottage au bord de la mer. Elle y fait la rencontre du capitaine Gregg, ancien maître des lieux et ancien marin mort bêtement dans sa chambre. Plutôt que d'être effrayée, la jolie Lucy (forcément, elle a les traits de Gene Tierney) va se retrouver charmée par ce capitaine qui ne va pas manquer de l'aider, de la soutenir et de l'aimer dans les moments difficiles. Jusqu'au jour où la réalité va rattraper Lucy. C'est un très beau film que réalise là Mankiewicz, un film chéri par de nombreux cinéphiles pour des raisons assez évidentes : c'est une des plus belles histoires d'amour du cinéma, se déroulant à la frontière du rêve et de la réalité avec un onirisme que la mise en scène assume de bout en bout, simplement et sans artifices. A ce titre là, le monologue d'adieu que fera le capitaine (Rex Harrison, impeccable) fera à Lucy dans son sommeil est franchement bouleversant. C'est donc un film à la beauté simple mais universelle, susceptible de parler à tout le monde. Mais il lui manque tout de même à mes yeux un petit quelque chose en plus pour le rendre encore meilleur, quand bien même il apparaît parfait en de nombreux points, il y a toujours un moment dans ce petit bijou qui n'emporte pas mon adhésion totale. Il serait cependant dommage de passer à côté de ce premier grand film du cinéaste, qui témoignait ici d'une tendresse infinie.