Ce titre de critique possède un double sens, car c'est une lame de fond qui retourne le Poseïdon comme une crêpe, et le film est en lui-même renversant ! Si on veut faire le chieur de service, on peut se dire qu'une telle vague aussi puissante pour retourner un paquebot d'une telle ampleur semble peu crédible en Méditerranée, mais on ne va pas s'occuper de ce détail, ce que le public y a vu en 1973, c'est un grand spectacle très habilement réalisé, bénéficiant de bons acteurs et surtout d'effets spéciaux remarquables pour l'époque, ils ont d'ailleurs récolté un Oscar tout à fait justifié. Le film eut un énorme succès en battant des records de recette, également justifiés.
Rien ne manque pour satisfaire la curiosité et le côté étrangement morbide du spectateur tranquillement installé dans son fauteuil et content de ne pas faire partie des malheureux passagers du Poseïdon. Le suspense est omniprésent, les péripéties angoissantes montent en crescendo, les personnages sont confrontés à la mort, les émotions fortes sont bien dosées... on se fout un peu que la psychologie soit assez sommaire parce que l'efficacité est indiscutable, et la grande séquence du retournement lorsque les passagers qui s'apprêtent à fêter la Saint-Sylvestre, s'écrasent sur le plafond du bateau à l'envers, est un modèle du genre. Les responsables des effets spéciaux ont réussi avec seulement 30 m3 d'eau à simuler la puissance de la mer déferlant dans le grand salon, de même qu'une flopée de cascadeurs retenus par des câbles ont vraiment joué le jeu, car en ce temps-là, il n'y avait pas d'effets numériques, on reverra ça dans Titanic avec une nouvelle technologie.
Certaines scènes ont été inspirées par le naufrage du Queen Mary en 1937, le producteur Irwin Allen mit 3 ans pour monter ce film et remettra le couvert l'année suivante dans le domaine catastrophe avec la Tour infernale qui se hissera aussi en haut du box-office ; on peut affirmer que ce dernier avec L'Aventure du Poseïdon et Tremblement de terre tourné aussi en 1974, sont le trio de tête des films de ce genre en vogue dans les années 70, ils sont parfaitement représentatifs, les mieux conçus et les plus réussis, car ce qui viendra ensuite ne sera pas toujours d'une qualité égale.
En plus de l'aspect technique, il y a aussi une interprétation de valeur : Gene Hackman qui venait d'être révélé dans French Connection, incarne un énergique pasteur qui au lieu de s'en remettre à Dieu, tracte derrière lui un microcosme humain, puisqu'on y trouve l'ancienne prostituée au grand coeur, le vieux garçon maniaque, le flic râleur, le gars jeune et dégourdi, le vieux couple de juifs en route vers Israël, la jeune fille émotive, le gosse insupportable etc... Dans ces emplois, Ernest Borgnine, Roddy McDowall, Red Buttons, et surtout Shelley Winters en vieille championne de natation, se révèlent les plus convaincants. Evidemment, le salut en servira certains tandis que d'autres boiront le bouillon au terme d'un véritable parcours du combattant. Bref, un film captivant qui respecte tous les codes du genre et en même temps une fantastique aventure humaine.