De 1956 à 1960, le réalisateur américain Budd Boetticher et l’acteur Randolph Scott réalisent ensemble les sept westerns dits du cycle Ranown (du nom de la société de production). Sidonis Calysta ressort dans sa collection « les westerns de légende », le 4ème de la série : un film atypique où humour et personnages détonnants se côtoient.
Le cow-boy par excellence
Quel acteur représente le mieux la figure du cow-boy solitaire que Randolph Scott ? Longtemps utilisé par André de Toth, il engage avec Budd Boetticher une collaboration qui verra la réalisation d’une petite dizaine d’excellents westerns. De fait, on retrouve dans L’Aventurier du Texas, qui fait suite à L’Homme de l’Arizona et surtout Sept hommes à abattre, un Scotty on ne peut plus à l’aise. Après avoir servi comme mercenaire dans la révolution mexicaine, Tom Buchanan est sur le chemin du retour (and a long way from home) avec 2000 dollars en poche. De quoi donner le sourire à notre aventurier texan. Force tranquille et détachement, telles sont les qualités du héros boettichien, sorte de Lucky Luke viril et flegmatique que Randolph Scott incarne si bien. C’est décontracté et sourire aux lèvres, qu’on le voit arriver dans la petite ville d’Agry Town.
Des seconds rôles excellents
Mais en débarquant dans cette grosse bourgade c’est en quelque sorte dans un nid de serpents qu’il pose ses éperons. Il faut dire que la ville tient son appellation d’une redoutable fratrie qui y détient tous les pouvoirs : Lew Agry en est le shérif, Amos Agry l’hôtelier et Simon le juge. Trois frères qui vont en faire baver des ronds de chapeau à Buchanan et un pistolero auquel il est venu en aide. Mais les héros ne sont pas la principale attraction du film, la vedette leur étant volée par les méchants, ces trois frères à la malhonnêteté chevillée à la ceinture. La palme de l’implication revenant à l’acteur Peter Withney (Amos Agry l’hôtelier) dont la silhouette pataude et la bouille d’ahuri ne manquent jamais de faire sourire à chaque apparition.
Un scénario un peu léger mais plaisant
De fait, L’Aventurier du Texas est un film particulièrement drôle. Lorsque les frères Agry rivalisent de perfidie et de cupidité ou encore lors de cette fameuse scène de l’enterrement dans l’arbre avec prière à la limite du surréalisme. Le déroulé du film lui-même enchaîne les rebondissements mais au prix de certaines invraisemblances. C’est peut-être le reproche principal que l’on peut faire à ce bon western de série B, l’absence de rigueur dans l’écriture et dans les dialogues, celle-là même qui faisait merveille lorsque le scénariste Burt Kennedy était aux manettes. Pour autant, ce modeste western à l’humour détonant reste très plaisant à suivre et constitue une curiosité tout à fait recommandable.
Critique originale publiée sur le Mag du Ciné