Que la Révolution continue même si nous sommes broyés
A sa plus grande surprise, un membre modèle du Parti Communiste tchécoslovaque, ancien des Brigades Internationales et de la Résistance en France, vice-ministre des Affaires Etrangères est arrêté et sommé d'avouer. Mais avouer quoi ? Il n'a rien à se reprocher. Il comprendra au cours de l'interrogatoire, soit plusieurs mois, qu'il s'agit d'une purge du Parti, visant sa direction, juive en majorité, demandée par Moscou. Son épouse tentera d'user de son influence et de ses relations mais elle se rendra compte à son tour de la machination.
Après un Z dénonçant l'extrême droite, et le régime grec particulièrement, le duo Montand - Costa-Gavras s'attaque à l'appareil soviétique, suite au Printemps de Prague, dernière goutte d'eau après une tournée en 57 dans les pays de l'Est du couple Montand - Signoret, dont ils reviendront plein de doutes.
Ceux qui étaient alors le modèle du couple d'artistes engagés politiquement (avec le PCF dans leur cas) vont alors exprimer leur rancoeur et leur désillusion et faire connaitre ce qu'ils savent de l'Est.
Le film est inspiré du procès d'Artur London, sujet d'une entrevue de quatre heures entre Montand et Krouchtchev en 56, de laquelle le premier ne sortira pas convaincu. Costa-Gavras sera conspué pour avoir fait un portrait à charge de son propre camp, mais les deux millions de spectateurs lui donneront raison.
Le réalisateur a su utiliser un minimum d'artifices pour rendre son film le plus percutant possible, avec notamment la superposition d'images entre l'annonce que les peines de mort seront purement pour la forme avec relaxe par la suite et la dispersion des cendres des mêmes condamnés. Il alterne également les montages rapides (avec répétition de "d'origine juive" ou de "peine de mort" par exemple) et lents, où l'on suit le prisonnier pendant de longues minutes dans sa cellule. Les flashbacks et flashforwards participent également à la force du récit.
Une oeuvre intemporelle et essentielle dans la dénonciation des appareils politiques totalitaires, parfait miroir de Z.