Juillet 2009 :

Mon troisième Antonioni après le sketch d'Eros et Profession reporter. Maintenant, c'est officiel : je n'aime pas Antonioni.
C'est très bien filmé, les cadrages, les idées de mise en scène et en image des non-dits sont très riches, variées, subtiles, certes oui, mais l'histoire et les ambitions du scénario ne m'ont jamais intéressé pendant les deux heures du film.

Je crois surtout que j'ai besoin de "comprendre" un film, d'entrer presqu'en symbiose dans le meilleur des cas avec ces ambitions, de comprendre ou de bien lire le film, d'avoir le sentiment de bien le lire. Sur les films complexes, je passe mon temps à me poser des questions et à essayer d'y répondre avec "pourquoi" en maillot jaune du peloton d'interrogations. Pourquoi tel plan? Pourquoi filmer les jambes de Vitti au ras du sol? Pour jouer avec le reflet? Alors pourquoi ce reflet? Pourquoi passe-t-elle à travers du cadre pour manipuler la statuette? Pourquoi frôle-t-elle du doigt le pot de fleurs vide? Pourquoi filmer en plongée ici et en contre-plongée là? Pourquoi filmer les personnages de dos ("de nuque", devrais-je dire)? Pourquoi tant de temps à filmer les activités près de la corbeille à la bourse de Rome? Pourquoi filmer si longuement les ailes de l'avion? Pourquoi filmer l'intégralité de l'atterrissage? Pourquoi la scène de danse africaine? Pourquoi la kenyane raciste? Pourquoi nous fourguer ce dépliant touristique du Kenya? Pourquoi la scène finale? Pourquoi insister aussi longtemps sur des plans dont je ne comprends pas l'intérêt? Et il n'y a rien de pire qu'un film élégant qu'on ne comprend pas, on ne peut s'empêcher de se sentir imbécile. Difficile alors d'aimer un film qui vous fait vou sentir aussi humilié. Ce qui est le plus bizarre, c'est que je ne suis pas toujours amené à ressentir une frustration à ne pas comprendre un film. Mais avec les Antonioni, ça ne rate pas.

Alors bien entendu qu'on voit bien dans ce film que l'on a voulu montrer dabord la rupture d'un couple infoutu de communiquer, puis le constraste entre le monde rempli de bruits et de tragédies autour de l'argent roi dans une bourse folle avec le monde du silence, de l'indécision dans lequel Monica Vitti se cherche sans succès.
Après on voit bien le fossé entre cet être intérieur et perdu qu'est Vitti et celui plus matérialiste, pragmatique, animal, primaire de Delon. On voit que malgré ce fossé, les deux être ont envie ou feignent l'envie d'être ensemble et n'y parviennent sans doute pas. Du moins est-ce ainsi que je lis la scène de leur séparation, les promesses, la descente des escaliers et la dernière scène, très longue, cette très longue palabre d'images sans rapport avec leur histoire se ce n'est ce bac plein d'eau près de l'immeuble en construction où ils se retrouvaient, bac qui s'est troué et se vide petit à petit de son eau dans le caniveau.
Bien sûr que c'est ici affaire de poésie et non de sens. Juste la forme pour laisser entrer des sensations chez le spectateur. Manque de bol, je n'y adhère pas. Voilà, je me suis prodigieusement emmerdé. Et j'ai promis à ma femme de divorcer si elle osait encore me ramener de la médiathèque une notte ou une aventura de ce genre.. Je pense qu'il me faudra longtemps avant de retenter Antonioni. J'ai ma dose.
Alligator
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le 9 mars 2013

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Alligator

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