Déjà coupable des méfaits Supersonic Man et Le Sadique à la tronçonneuse (tout un poème), Juan Piquer Simon se pare ici des atours spielbergiens pour donner une suite non-désirée à son ET. Sauf que son film hésite entre conserver le ton familial de sa référence ou virer à l'horreur intergalactique. En fait, il semblerait que Simon avait commencé à tourner ce qui devait être une pelloche d'épouvante jusqu'à ce que ses producteurs lui imposent de mignoniser les créatures pour profiter du succès d'ET. Cela donne à ces Visiteurs Extraterrestres/L'Eclosion des monstres/The Return of ET/The Unearthling/Los Nuevos Extra Terrestres/liste non-exhaustive un aspect des plus bancals, ce qui en fait en réalité le principal intérêt.
Le pitch est des plus classiques : une météorite tombe sur terre et surprend des braconniers d’œufs (?). L'un d'eux découvre à l'intérieur du caillou des œufs gluants qu'il décide judicieusement d'éclater à coups de bâton, ce qui déclenche l'ire de la bestiole qui a dû les pondre. Un gamin horripilant du cru qui a la passion du monde animalier parvient de son côté à récupérer un œuf rescapé de l'omelette et le ramène chez lui pour le couver (!). Une fois le monstre éclos, il l'adopte et le nomme Trompette (oui, la gloumoute ressemble à un fourmilier du cosmos croisé avec un pangolin des Mondes Engloutis), dans ce qui s'annoncerait comme une grande amitié intersidérale si les cadavres ne s'accumulaient pas par ailleurs sous l'effet de sa génitrice en colère. Ajoutez à cela des étudiants en WE dans le coin et une tempête (que tout le monde nomme mais qui n'apparait jamais à l'écran) qui confine l'action dans la forêt, et zou le cocktail du bis.
Le film est particulièrement fauché et use de tous les stratagèmes pour cacher la misère et tirer sur la pellicule. La musique abuse des synthés ambiance je me suis endormi sur ma touche de clavier, entrecoupés de variété américaine vaguement folk. Les personnages sont étrangement caractérisés (la mère de famille gère avec un pragmatisme étonnant les dépouilles qui s'entassent chez elle). La maison principale a des dimensions intérieures en totale démesure avec ce qu'on en perçoit de l'extérieur (et elle semble avoir déjà servi pour les flashbacks du fameux Sadique à la Tronçonneuse... sachant que les 2 gamins des 2 films ont quasiment le même prénom, faut-il y voir des connexions insoupçonnées dans l’œuvre de Simon ?).
Pour autant, L'Eclosion des monstres propose un divertissement nanar acceptable pour qui a les nerfs suffisamment accrochés face à la misère cinématographique. Les aliens en sont évidemment l'attraction principale, surtout Trompette et son ami humain, mais on saura aussi s'amuser du mauvais jeu d'acteur et du mix improbable entre spectacle familial et horreur from outer space (encore que quand on y réfléchit bien, ne sommes-nous pas nous-mêmes des monstres pour ces visiteurs extraterrestres ? Oui, le film a un propos... qu'il a sans doute volé à un plus petit que lui). Petite cerise finale, le film se permet une non-conclusion des plus scandaleuses, catégorie "on n'a plus d'argent, on arrête le tournage". Hé ho, c'était pourtant une coproduction France 2 et France 3 (véridique) !