Un pitch intéressant sur le papier, un papier et un stylo mis en de mauvaises mains. Au sortir, une fausse comédie sur le monde scolaire prétexte à un énième Les Grands esprits se rencontrent ou La Vraie vie des profs lorgnant maladroitement sur P.R.O.F.S ou sur Le Maître d'école, sans la verve et le courage du Plus beau métier du monde.
Car c'est avant tout un film social, un de plus, sur les pauvres élèves de banlieues, etc.
Le film cherche plus adroitement à donner dans la mise en abyme avec la pièce de Molière étudiée en cours: Le Médecin malgré lui. Sauf qu'à l'envers de celui qui a donné son nom de scène à la langue française, Rochant ne maîtrise pas les archétypes de base de la Commedia dell'Arte et semble ignorer en outre que Molière cherchait moins à discréditer son faux médecin que les vrais médecins ... lui qui essaye de réhabiliter une profession tant victime des moqueries et des stéréotypes qu'accumule le film.
Sganarelle, dans cette pièce, s'inspire moins du valet de comédie que de la figue de Balanzone dit Le Docteur, faux savant, savant en néologismes et en latin macaronique, qui trompe habilement son monde. Notre Docteur, ici professeur,ne fait illusion que par la magie du scénario oscillant entre naïveté criante des protagonistes ou bienveillance très bobo de ceux-ci. Un mélange indigeste et somme toute peu crédible des deux.
Arié, frère de Gad, n'est ni à jeter ni à louer. Vincent Desagnat est simplement insupportable dans son rôle de prof de droite jaloux et délateur (on l'a dit ci-dessus: stéréotypes, en veux-tu en voilà !).
Reste une prestation quasi anonyme et sous-exploitée de Valérie Bonneton et une présence, une prestance, un magnétisme du génial Samuel Labarthe qui cherche à sauver le navire qui prend l'eau très très très vite. On le plaint tant il porte et hisse le tout sur ses épaules et tant ses seules et très intermittentes interventions sont le seul vrai bon point du film.
Une déception donc.
Nous nous contenterons de dire, amers, tel Marielle dans On aura tout vu: "Laissez Molière où il est: il en a vu d'autres !"