Réminiscences scolaires

• Autant j’apprécie le Boris Vian romancier noir et jazzman, compositeur et parolier, journaliste et traducteur, autant l’auteur de L’Arrache-cœur et de L’Écume des jours m’assomme. J’ai du mal à lui pardonner son romantisme mièvre, mâtiné de surréalisme et gentiment halluciné, qui a plombé mes années de collège.
• Michel Gondry est un poète et l’un des rares réalisateurs à avoir bâti, à l’image d’un Tim Burton, un style et un univers immédiatement identifiables. Il y associe bricolages astucieux, bouts de cartons et de ficelles, morphing et stop motion. J’ai été conquis par Eternal Sunshine of the Spotless Mind et Soyez sympas, rembobinez. J’ai conservé un agréable souvenir de La Science des rêves.
• Il était fatal qu’ils se rencontrassent.

J’ai vu le film à sa sortie. Gondry était suffisamment connu pour que les allergiques passassent leur chemin. La salle était raisonnablement pleine. Les spectateurs se divisèrent en deux clans irréconciliables. Les adeptes, tous aux premiers rangs, en redemandaient, j’imagine que les plus atteints visionnent son œuvre en boucle. Au bout de 45 minutes, les amateurs et les simples curieux trépignaient sur leur fauteuil, ils n’étaient pas au bout de leur peine.

Gondry chérit ses installations, il ne se lasse pas de sa souris émotive, de ses sonnettes à pattes, du père Chabat dans son four et de l’inévitable pianocktail… Il en oublie une pléiade d’acteurs livrés à eux-mêmes. J’ai le plus grand mal à m’apitoyer sur une évanescente Audrey Tautou. D’autant plus, que je n’ignore rien du triste destin de Chloé, depuis cet interminable semestre de 4° C passé en sa compagnie. Ce n’était pas mieux avant.

Novembre 2017