Professeur d'université alcoolique et avachi, Frank Bryant compte une nouvelle étudiante en la personne de l'exubérante coiffeuse Rita, consciente de sa vacuité culturelle et soucieuse d'y remédier par des cours du soir.
Entre la béotienne et l'intellectuel s'instaure une relation sur le mode Pygmalion. Julie Waters et Michael Caine forment un couple complice, parfois drôle dans l'opposition formelle entre la spontanéité et l'énergie de l'une et le renoncement, sinon le nihilisme, de l'autre. Le plaisir des lettres que Frank transmet à Rita, il ne l'éprouve plus lui-même. Pas d'histoire d'amour en vue entre ces deux personnages attachants sur lesquels se fonde exclusivement le sujet tel que le met en scène l'insuffisant Lewis Gilbert.
On croit assez peu à la rapide transformation intellectuelle de Rita se confrontant désormais à Tchekov et Shakespeare; mais ce qui "plombe" le film, c'est assurément la réalisation de Lewis Gilbert, complètement terne, sans imagination, sans idée. L'indigence de sa mise en scène dessert les deux comédiens, maintenus dans un récit intimiste sans éclat ni vigueur. La réalisation, dès lors, stigmatise ce que le rapport et le contraste entre Frank et Rita peuvent avoir de conventionnel; les deux rôles méritaient davantage de causticité et de sous-entendus.