Sorti début 2004, l'Effet Papillon prend pour origine le phénomène du même nom mis en lumière par le météorologue Edward Lorenz en 1963 pour montrer comment de petites variations peuvent avoir des effets drastiques. En 1972, Lorenz illustrera ce phénomène par le questionnement suivant : " le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? " Dans un sens plus général, l'effet papillon peut se définir par le fait que chaque action, si anodine soit-elle, peut avoir des conséquences massives et imprévisibles à long terme. Ce concept peut être assimilé à la théorie du chaos, chère à notre cher Ian Malcolm.
Partant de ce postulat, le film met en scène Evan, jeune garçon confronté à de soudaines pertes de connaissance et de mémoire à plusieurs moments traumatisants de son enfance. Pour y remédier, Evan consigne, sur conseil de son médecin, tous ses souvenirs dans des journaux intimes. Quelques années plus tard, Evan, désormais à l'université, suit un cursus centré sur la mémoire. Relisant l'un de ses journaux au retour d'une soirée arrosée, il découvre qu'il a le pouvoir de revivre ses souvenirs oubliés...
En renouant le contact avec ses amis d'enfance, il vérifie la véracité de ses visions mais son initiative n'est pas sans conséquences. Prenant conscience de l'étendue de son " don ", Evan va revivre ses souvenirs les plus terribles et tenter d'en modifier le déroulé. Mais lorsqu'il revient dans le présent, celui-ci a radicalement changé, pas forcément pour le mieux...
Sur fond de romance, le film nous entraîne dans la quête du héros, prêt à tout pour sauver ceux qu'il aime. Abordant des thèmes difficiles comme la pédophilie, la maladie ou encore le suicide, l'Effet Papillon est un thriller psychologique saisissant, où nos émotions se synchronisent avec celles du héros.
Le long-métrage prend le temps de planter son décor et ses éléments de mystère, avant de passer à l'action en faisant voyager notre héros dans ses souvenirs et ses " mondes " créés. Une fois en mouvement temporel, le rythme ne faiblit plus jusqu'à son dénouement...
- Un dénouement sur lequel il convient de s'attarder, puisqu'il n'y existe pas 1 fin mais 4 fins possibles...
Dans les 3 fins des producteurs, Evan brise sa relation avec Kayleigh en modifiant un événement de son enfance, empêchant de ce fait la spirale d'événements postérieurs destructeurs et sauvant la vie de ceux qu'il aime. La petite variation de ces 3 fins vient de la scène finale, lorsque Evan recroise des années plus tard la route de Kayleigh. Après quelques secondes d'hésitation, il fait le choix soit de l'ignorer, soit de lui parler et de l'inviter boire un verre, soit de la suivre. La fin de la version cinéma voit nos 2 héros se dévisager furtivement avant de chacun reprendre leur route.
Lorsque le film sortit en version DVD, le public eut droit à la fin DIRECTOR'S CUT, celle que les réalisateurs avaient initialement choisie. Dans cette fin, Evan ne revient pas dans son enfance mais dans le ventre de sa mère où il se suicide avec le cordon ombilical, empêchant ainsi sa naissance et tout ce qui s'en suivra.
Si cette fin est sans hésiter la plus logique et la plus emblématique, elle est aussi la plus sombre, celle où la solution est la plus terrible. Sans être une happy-end, la fin cinéma se veut plutôt douce-amère, offrant une nouvelle chance à notre héros mais sans le bonheur immédiat auquel il aspire... A l'inverse de beaucoup de monde, j'ai préféré la fin cinéma, celle qui privilégie l'espoir au sacrifice ultime...
- Le casting est plutôt bon.
Sortant pour une fois de la comédie romantique, Ashton Kutcher joue juste et transmet une vraie émotion à l'écran.
Diversifiant son interprétation en fonction du monde dans lequel elle se trouve, Amy Smart reste toujours touchante, vulnérable et dans une très bonne alchimie avec Kutcher.
Les gamins sont également convaincants. Mention spéciale à Jesse James, interprète du jeune Tommy à 13 ans, littéralement habité dans ce rôle de gamin psychopathe.
- Film très bien écrit, monté et interprété, l'Effet Papillon me prend aux tripes à chaque visionnage, m'amenant toujours à la limite des larmes.
Même avec le temps, il ne quitte pas mon top 10 !