Bailler avec la mort
Bouf. C'était un peu mou quand même... Il se passe pas grand chose, les auteurs étirent le mystère sans jamais vraiment le nourrir. Du coup on tourne autour du pot qui, en plus est vide... Il reste...
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le 5 nov. 2016
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Le film est signé Robert Hampton qui n'est autre que le pseudo anglo-saxon de Riccardo Freda, sans doute à destination du marché britannique, de même qu'il engage 2 acteurs britanniques (Robert Flemyng et Barbara Steele) au sein d'un casting italien aux pseudos anglophones, mais je crois que le film a bien été tourné en Italie. Afin de toucher ce marché européen du film fantastique, Freda n'hésite pas à faire un film dans le style de la Hammer, un suspense d'angoisse et de terreur mais sans aucun élément surnaturel.
Le sujet n'est pas explicitement démontré, tout est suggéré, car le film explore une névrose plutôt dérangeante encore en 1962, le secret horrible de ce Dr Hichcock étant une étrange et morbide passion pour la nécrophilie ; il a besoin que sa femme ressemble à un cadavre, jusqu'au jour où elle en meurt. Hichcock reproduit ce stratagème avec sa seconde épouse incarnée par la sublime Barbara Steele, reine du film gothique italien et qu'on retrouvera chez Freda ou chez Mario Bava. Elle est ici une victime mais Freda la met en valeur de façon remarquable grâce à des gros plans de son étrange visage et de son regard, en soignant ses toilettes et en utilisant une photo très soignée. De même qu'il ne tourne pas en studio mais dans une vraie maison qui participe à l'ambiance étrange et morbide de ce huis-clos éprouvant et angoissant. Refusant les effets de terreur classique, comme ceux qu'on voit à la Hammer, Freda mise tout sur l'atmosphère délétère et le décor de la maison qu'il sait rendre confus et labyrinthique pour dérouter le spectateur.
En plus de cet élément, Freda rend-il vraiment hommage à Alfred Hitchcock en utilisant son nom déformé ? je pense que oui, il livre un film carrément référencé avec non seulement le coeur du sujet qui est la nécrophilie, or le seul grand film à l'avoir abordé est Sueurs froides ; mais Freda va encore plus loin en compilant d'autres références comme celle de la gouvernante mutique et inquiétante, allusion directe à Rebecca, ainsi que celle du verre de lait empoisonné, allusion à Soupçons. Il y a aussi un petit air de la Maison du Dr Edwards qui enrobe le tout. Comme on le voit, Freda connait ses classiques.
Il y a quand même quelques petits détails qui me dérangent un peu dans ce film : le rythme est lent, il y a des flottements bizarres, des scènes auraient pu être écourtées, certains plans avec Flemyng sont curieux, d'autres mieux expliqués, mais tout ceci n'est pas bien méchant, ce qui compte c'est que Freda se démarque de son confrère Bava qui donnait dans le film d'épouvante gothique avec éléments surnaturels, en faisant naître l'horreur et l'épouvante uniquement issue des tréfonds de l'âme humaine et de sa noirceur, on est en pleine folie meurtrière où régnent l'angoisse et la tension claustrophobe, et ce film reste un classique du film de terreur à l'italienne.
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Créée
le 23 avr. 2021
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