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Après la réussite cinématographique de ses deux derniers films mais le relatif insuccès public, lequel public ne jure que par le cinéma d’épouvante britannique, Riccardo Freda anglicise tous les noms au générique et livre ce qui est peut-être la plus grande réussite du cinéma gothique italien. Et bingo, le film est un immense succès et, de fait, ouvre la porte au genre dans son propre pays (même si Le Masque du démon de Mario Bava a déjà rencontré un grand succès). Habitué du noir et blanc (comme souvent avec le gothique italien), le cinéaste mise sur la couleur, ce qui est la véritable nouveauté de cet opus. À grands coups de lumière saturée, aussi bien dans les rouges, les bleus et les verts, il annonce très clairement le travail chromatique de son fidèle assistant Mario Bava et le cinéma de Dario Argento. Comment, en effet, ne pas voir dans ce titre la marque de fabrique du cinéma fantastique italien ? À cette déferlante de couleurs, Riccardo Freda oppose des dialogues réduits à leur portion congrue, notamment tout au long de la deuxième partie du film où l’angoisse se matérialise autour des images, des bruits et, bien entendu, des cris de Barbara Steele.

Le film est un véritable manifeste esthétique du cinéma gothique à l’italienne. Beaucoup plus onirique que leur pendant britannique, les tableaux italiens se veulent plus vaporeux et cauchemardesques. Les visages effrayés et effrayants pèsent plus que les mots et la musique stridente de Roman Vlad est un atout majeur dans cette plongée cauchemardesque. Le thème lui-même se fait plus osé. Le fameux secret du docteur Hichcock fait en effet appel à la nécrophilie, sujet ô combien dérangeant au début des années 1960 et qui trace un véritable pont avec l’œuvre d’Edgar Alan Poe même si le film a plutôt tendance à faire de l’œil au cinéma d’Alfred Hitchcock dont la référence explicite se retrouve déjà dans le titre. Des films comme Rebecca ou Les Amants du Capricorne sont d’évidents modèles même si le propos va plus loin dans l’horreur. Et en convoquant à nouveau Barbara Steele, le réalisateur finit par faire de son actrice une icône du genre. En face d’elle, le trop rare Robert Flemyng est une alternative moins fantasque à Vincent Price et inspire une crainte bien plus importante. C'est donc une excellente pioche.


Les habitués du cinéma fantastique pourront considérer que le réalisateur abuse certainement des clichés, aussi bien d’un point de vue formel qu’au niveau de son récit. Mais en 1962, la Hammer n’a pas encore poussé aussi loin les curseurs que le fait ici Riccardo Freda, le fin mot de l’histoire conservant une part de mystère savamment entretenue tout au long par le très bon scénario signé Ernesto Gastaldi. L’horreur du sujet, la perversité plus forte des protagonistes et le final qui ne peut qu’annoncer ceux de Suspiria ou Inferno de Dario Argento incarnent une véritable modernité. Un film charnière dans le cinéma d’épouvante italien.


7,5

Play-It-Again-Seb
7

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