Cette critique contient des spoilers.
Avec L'Egyptien, Michael Curtiz signe un péplum de qualité alliant une intrigue riche et captivante à une mise en scène particulièrement soignée (décors grandioses, cadrages inspirés, photographie flamboyante). Celui-ci se démarque des autres péplums par sa philosophie et sa profondeur inhabituelle, avec notamment des dialogues très bien construits et intelligents. C'est d'autant plus dommage que ce travail exemplaire soit saccagé par l'unique point noir du film, qui n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de son héros omniprésent. Edmund Purdom fait tache avec son interprétation fade et ses expressions faciales limitées. Sauf en de très rares occasions, l'acteur n'arrive pas à s'imposer et fait pâle figure à côté de la prestigieuse distribution du film (et dire que le rôle avait été proposé à Marlon Brando).
Le personnage en question est un brave idiot dont le manque de discernement et de maturité ont de quoi surprendre. La douce et pure Jean Simmons n'a d'yeux que pour lui, mais le bougre préfère aller perdre sa dignité d'homme et humilier ses parents pour acheter l'amour d'une manipulatrice sournoise. Il refuse ensuite l'union que lui propose sa sublime demi-sœur autoritaire et tireuse de flèches hors pair (comme c'est Gene Tierney, à sa place je ne me serais pas posé de questions), qui de plus lui aurait permis de régner à ses côtés sur l'Egypte. Une abnégation et un désintéressement jusqu'au-boutisme qui frôle le mépris complet de soi, que l'on a du mal à comprendre car la psychologie du héros reste au final bien obscure. Ce péplum aurait eu tout à y gagner en mettant en scène un acteur principal digne de ce nom, mais aussi en rendant son personnage moins stupide.