L'Égyptien
6.3
L'Égyptien

Film de Michael Curtiz (1954)

Grosse déception! Dieu sait que j'aime mon Curtiz, mais là, foutre que c'est lent et emmerdant! Essayons d'être le plus clair et commençons par le commencement.

D'abord, on assiste à la présentation classique d'un péplum. On a l'impression de revoir "Les dix commandements", le héros ayant un destin qu'on songe calqué sur celui de Moïse (avec le berceau en rosier sur le Nil, l'enfance modeste et la grimpette sociale suivante). Le film est assez long (autour de 2h15) et ce développement initial est laborieux.

Il faut quand même se taper les fanfaronnades de Victor Mature! Et puis cet Edmund Purdom est d'un lénifiant! Un ersatz de Rock Hudson qui aurait oublié de boire, un imberbe du jeu, de ces médiocres comédiens qui vous chatouillent la zappette du côté du fast forward.

Quand le générique annonce Gene Tierney, Jean Simmons et Peter Ustinov, on s'attend à les siroter, à en profiter au maximum, or ils n'apparaissent qu'avec une cruelle parcimonie, dans des seconds rôles anecdotiques si tenus qu'ils semblent presque transparents. Leur temps de jeu est minime, quant aux cadrages, ils sont rarement proches. C'est incompréhensible de la part de Michael Curtiz : pourquoi se priver de la beauté de ces deux admirables créatures que sont la Tierney et la Simmons, et même des mimiques, des clins d’œil d'un acteur aussi juteux que l'Ustinov? Ça n'a pas de sens! Quel gâchis, pas un gros plan!

Jean Simmons, délicate et belle, joue le rôle d'une fanatique (on apprend à la fin qu'il s'agit d'une parabole sur le christianisme ou plus largement sur la vérité du monothéisme, mais j'y reviens plus loin). Elle est presque lumineuse. Elle joue si bien cette subtilité qu'on espère qu'elle reste à l'écran pour nous donner une bonne raison de regarder ce film, mais le scénario revient à sa logorrhée biographico-mystique, d'un si violent ennui.

Gene Tierney, c'est bien simple, c'est la vipère. Son personnage est donc inintéressant au possible, un cliché massif. De plus, cette femme, l'une des plus incroyables inventions de dame nature que la pellicule ait pu porter est si maquillée qu'on peine à la deviner sous ses apparats. Terrible frustration garantie!

Peter Ustinov se voit affublé d'un personnage à l'exposition tout aussi merdique. On sent bien qu'il s'emmerde grave avec ce personnage falot et insipide. Comme nous.

Il y a le cas Bella Darvi, toute pâle, sans saveur, alors qu'elle est censée jouer les épices sur belles gambettes. Même Bernard Borderie a su la rendre plus sexy! La honte pour Curtiz quand même! Il y a un personnage sensuel de tout son film et... rien... pas une mise en forme élaborée sur ce chapitre!

Peut-être qu'il faut aller chercher une explication dans la lourdeur du scénario de Philip Dunne et de Casey Robinson tiré d'un roman de Mika Waltari, romancier finlandais, éduqué strictement dans la religion protestante et allant jusqu'à faire des études de théologie. Le scénario est un fatras assez confus qui entend démontrer dans la mystique d'Aton sous l’Égypte ancienne le substrat philosophique et religieux du monothéisme, une sorte de communauté d'espérance, de grandeur, signe du divin en chaque être, comme une inspiration à travers les âges. Même 3000 ans avant JC, le dieu unique accorde sa miséricorde à celui qui tend la joue. Il se cachait donc sous le masque d'Aton, attendant sagement son heure. Je schématise mais le discours religieux plein d'ampoules que ce scénario nous réserve m'a très vite pété les cacahuètes.

D'autant plus que le chef-opérateur Leon Shamroy (pas du tout la dernière des truffes pourtant) préfigure Russell Metty sans maitriser les couleurs et essaie de mélodramatiser son image. On a donc un film très riche en crachats chromatiques assez laids.

Ajoutez à cela une narration très lente, d'une solennité très empesée qui frise le ridicule. Cela anesthésie du même coup tous les enjeux comme les acteurs.

Ennui ferme et définitif pour ma part. J'aurai du mal à récidiver et retenter ce film un jour...
Alligator
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le 30 mars 2013

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Alligator

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