Cela peut étonner, mais oui, même les documentaires peuvent avoir des suites ! Ici, il sera question de L’Empereur, la séquelle de l’oscarisé et mémorable La Marche de L’Empereur du même Luc Jacquet, qui a donc décidé de nous ramené douze ans après dans le grand froid en compagnie des manchots. Avec pour objectif d’en montrer bien plus sur la vie de ces animaux hors du commun, et ce par le biais d’un plus gros distributeur en la matière, à savoir Disneynature. Mais malgré son statut de documentaire, le film ne souffre-t-il pas des mêmes problèmes inhérents aux suites de longs-métrages, à savoir être moins bon que le tout premier ? Malheureusement si, ne se présentant pas aussi inoubliable que son prédécesseur…
C’est la première fois que je critique un film documentaire, et je me rends compte qu’il sera difficile de tenir la distance en termes de contenu. Étant donné que beaucoup d’aspects et de critères ne répondent pas présents comme dans un long-métrage « classique », tel un scénario à proprement parlé. Cependant, nous pouvons parler ici de narration. Celle de la conception, de la naissance et de l’entrée à l’âge adulte d’un petit manchot. Qui suit tranquillement son fil rouge en se permettant de temps en temps quelques flashbacks afin de revenir sur les péripéties de ses parents et donner un semblant d’histoire à l’ensemble. Si l’on se laisse prendre au jeu sans le moindre mal, la sauce ne prend plus aussi bien à cause de l’aspect de déjà-vu du film. Et pour cause, hormis la prise d’indépendance du jeune manchot empereur, Luc Jacquet n’a pas grand-chose à raconter et à montrer de plus de ce qui avait déjà été fait dans La Marche de l’Empereur (et repris dans la franchise d’animation Happy Feet). Il nous ressert les mêmes faits (la rencontre des parents, la dure couvaison de l’œuf, la pêche lointaine, la menace des pétrels…) et ce pendant plus de la moitié de son long-métrage. S’il est toujours admirable de plonger dans la dure et périlleuse existence de ces oiseaux, le côté redite de l’entreprise prend constamment le pas et gâche un peu le visionnage. D’autant plus que la narration se révèle être bien plus classique (la voix de Lambert Wilson en tant que narrateur alors que des doubleurs parlaient à la place des animaux dans le premier film) et le tout beaucoup moins envoûtant. La faute à une bande son jouant la carte du classicisme (musiques orchestrales) plutôt que d’être hypnotisante (le travail d’Émilie Simon sur La Marche de l’Empereur résonne encore dans les têtes).
Mais hormis cela, L’Empereur reste un documentaire de très bonne facture, comme sait si bien les faire Luc Jacquet. Avec son équipe, il a dû une nouvelle fois affronter le froid et le climat de l’Antarctique pour livrer au spectateur de somptueuses images. Aussi bien grandioses (dans ses paysages) que poétiques (certains gros plans et ralentis sur les manchots). Sans toutefois oublier par moment une petite touche d’humour (avec l’allure maladroite de ces oiseaux) pour donner de la légèreté, via des scènes filmées au bon moment. Offrant par la même occasion quelques séquences inédites, telles que la plongée et la pêche sous-marine des manchots. Comme la majorité des films de la firme Disneynature, L’Empereur a pour but d’émerveiller le public face à la beauté de la nature, tout en plaçant une morale écologiste certes inévitable mais ne prenant jamais le dessus sur les empereurs (par le biais de quelques plans de la banquise, par exemple).
Pas grand-chose dire sur L’Empereur donc, si ce n’est un documentaire qui fait bien son travail et livre avec générosité de belles images qui sauront mettre des étoiles dans les yeux. Mais la comparaison avec La Marche de l’Empereur se révèle plutôt fatale pour cette suite, qui n’arrive jamais à retrouver le charme de son aîné, faisant un peu trop dans la redite et le classicisme. Un petit voyage de 1h22 qui fait du bien, rien de plus.