L'immense succès critique et commercial de Star Wars, rebaptisé Star Wars, Episode IV : A New Hope, pousse la société de production 20th Century Fox à demander au scénariste et réalisateur George Lucas de mettre en chantier une suite au film. Cependant, Lucas décide de produire le film en totale indépendance en autofinançant le film avec un emprunt à sa banque. La Fox se contente seulement de distribuer le film dans les salles de cinéma. George Lucas se libère ainsi de toute ingérence extérieure des grands studios, et devient producteur de blockbusters indépendants.
En 1975, alors qu'il rédige la troisième ébauche de scénario du premier film, George Lucas décide de consacrer du temps pour développer une trame de fond assez élaborée pour faciliter son futur processus d'écriture sur les autres films. Reprenant ces éléments, il rédige un premier manuscrit de la suite en novembre 1977 en y intégrant même des événements extérieurs au film. Ainsi, il ajoute une première scène où le héros Luke Skywalker est attaqué et frappé au visage par une créature des neiges afin de rester cohérent avec les cicatrices que porte son acteur dont on va reparler plus bas.
Peu motivé à l'idée d'écrire le scénario seul, George Lucas engage la romancière et scénariste de science-fiction Leigh Brackett. Elle en termine une première ébauche, mais meurt d'un cancer brusquement. Son scénario inclut le début d'une idylle entre Han Solo et la princesse Leïa, l'entraînement du héros auprès d'un nouveau mentor : Yoda, et la révélation que Luke a une sœur cachée. George Lucas, qui trouve son scénario incohérent par rapport à sa vision d'ensemble de la saga, décide de reprendre le travail d'écriture à zéro (il utilisera la quasi-totalités des idées de Leigh Brackett). Le calendrier serré ne lui laisse d'autre choix que d'écrire lui-même le deuxième jet.
En juin 1978, George Lucas engage Lawrence Kasdan pour peaufiner le scénario. Kasdan vient de terminer le scénario d'une autre production de Lucasfilm : Raiders of the Lost Ark.
Peu désireux de renouveler son expérience derrière la caméra, George Lucas a choisi de déléguer le siège de réalisateur à Irvin Kershner, à qui il s'engage à laisser une complète liberté artistique, ayant lui-même été sans cesse supervisé par les financiers de la Fox sur le premier opus. Le cinéaste restera toutefois le grand maître d'oeuvre du film, supervisant le scénario, la production et les effets spéciaux.
Durant plusieurs semaines, les trois hommes se réunissent régulièrement pour des séances de réflexion, suivies de réécritures du scénario. Le script met alors plus l'accent sur les émotions des personnages, et les dialogues. L'action démarre également dans une atmosphère plus sombre qui place rapidement les protagonistes dans des situations cauchemardesques.
À la fin du tournage, George Lucas s'aperçoit qu'il dépasse son budget de 10.000.000$. Il négocie alors avec la 20th Century Fox un prêt d'argent mais sans pour autant céder les droits. En effet, les dirigeants de la Fox ont aussi intérêt à voir sortir le film le plus tôt possible.
Star Wars, Episode V : The Empire Strikes Back sort finalement en 1980.
Si l’ouverture rappelle celle de l’épisode précédent : une nacelle contenant un droïde larguée sur une planète, la situation est pourtant bien différente : le vaisseau est impérial, le robot est une sonde chasseuse de rebelles et la planète, diamétralement opposée à Tatooine, est glaciaire. Conscient de la référence, Lawrence Kasdan utilise l’imaginaire collectif pour conforter le public avant de prendre une nouvelle direction avec l’arrivée de Luke Skywalker. Gratifié par la destruction de l’Étoile Noire, le héros est vaincu par une simple créature des glaces au bout de quatre minutes de film, générique compris. Le message adressé aux spectateurs est clair : ce n’est pas une suite, c’est un nouveau film. Il faut néanmoins garder à l’esprit que cette démarche est uniquement possible car les personnages n’ont pas cessé d’évoluer entre les deux opus. L’univers est vivant, il s’enrichit entre les épisodes et il le prouve de nombreuses fois, l’exemple le plus mémorable étant la liaison entre Han Solo et la princesse Leïa Organa.
Si les héros brisent les chaînes et se révèlent au travers de nouvelles situations : Luke est affaibli mais dispose de nouveaux pouvoirs, Han et Leïa développent des sentiments tandis que les méchants eux-aussi sortent de l’ombre. A l’inverse des autres protagonistes, présentés avec une certaine finesse, Lawrence Kasdan choisit de mettre en avant la puissance et la force de l’Empire. Bien que dans l’épisode précédent cette dictature intergalactique avait d’imposants vaisseaux et le pouvoir de détruite une planète, leurs forces restaient toujours très concentrées. A présent, le scénario le permettant, l’Empire utilise tous ses atouts : flotte interstellaire, troupes d’assaut blindées et relation dans le monde de la pègre… Toujours incarné par le sombre Dark Vador, apparaissant à bord de son propre bâtiment, l’ennemi ne respecte plus aucunes règles, y compris les siennes. Ne tenant plus aucun compte d’une hiérarchie administrative, Dark Vador élimine sans remords ses subordonnés, jugés incompétents. Il quitte son état premier de mal absolu planant sur le destin des héros pour devenir un danger physique, immédiat et implacable.
L’apparition du personnage de Yoda, axé sur un ton comique grâce à la prestation de Frank Oz et de sa marionnette, permet de mettre en avant une facette plus obscure de Luke. Moins ingénu que dans l’épisode précédent, ce chevalier blanc moderne dégage à présent une forme de suffisance et d’impatience. Au travers d’un enseignement dur, répétitif et chargé d’émotions, le héros et le public sont confrontés à une suite de changement psychologique atteignant son paroxysme avec l’épreuve du miroir. Cette vision constitue la réflexion de tout personnage tragique, l’idée de n’être qu’un pantin entre les mains cruelles du destin.
L’obscurité qui entoure les héros s’enrichit aussi par l’arrivée de deux nouveaux protagonistes : l’impitoyable chasseur de prime Boba Fett et le maléfique Empereur Palpatine. L’intérêt du premier réside dans la réaction des fans puisqu’il reste la seule personne de la galaxie à avoir capturé les héros tant aimés. Le cas de l’Empereur, en revanche, est plus complexe et propose de reconsidérer le regard porté sur Dark Vador. Celui qui, jusqu’ici, apparaissait comme l’ennemi ultime s’agenouille devant celui qu’il appelle Maître. Avec l’arrivée d’un échelon supérieur dans la hiérarchie du mal, l’archétype du méchant omnipotent qu’était Vador est mis à mal mais ne s’écroule totalement qu’avec cette révélation : il est humain ! Installé dans une sphère de méditation, le public peut ainsi apercevoir un Dark Vador de dos et sans casque.
Mark Hamill, Carrie Fisher et Harrison Ford sont rejoint par Billy Dee Williams dans le rôle du beau parleur Lando Calrissian.
Comme pour le précédent opus, les nouvelles technologiques permettent à George Lucas et à son équipe de parfaire le film. A l’affût du détail et conscient que le matériel cinématographique de l'époque a vieilli, les équipes d'Industries Light and Magic (ILM) mettent l’accent sur l'aspect esthétique du film et c’est une merveille qui vieillie bien.
Si Star Wars, Episode IV : A New Hope avait glané sept Oscars, ce deuxième opus ne fut récompensé que par deux statuettes : Meilleur son et un Oscar spécial pour les effets visuels de Richard Edlund.
Si il s’agit du cinquième épisode dans la chronologie de la saga, il constitue la charnière centrale de cette dernière, en dévoilant la véritable identité de Dark Vador, en intégrant le personnage de Yoda, et en faisant évoluer Luke Skywalker. Tous les éléments de la saga convergent ici lors d’un duel épique où le héros, plein de volonté, fait encore preuve d’immaturité et d’impatience, à l’image de son père autrefois.