Quand on lance un sondage sur l'épisode que les gens préfèrent dans la saga Star Wars, c'est généralement L'Empire contre-attaque, l'épisode V, qui arrive en tête. Devenu archi-culte, notamment grâce à la mythique scène où Dark Vador annonce à Luke Skywalker "Je suis ton père" , il constitue le second opus de la trilogie originale, devant prendre le relais d'Un Nouvel Espoir et préparer l'arrivée future du Retour du Jedi, trois ans plus tard. A une époque où la nouvelle trilogie fait débat, notamment l'épisode VIII, Les Derniers Jedi, il est intéressant de revenir sur ce qui est probablement l'épisode le plus culte de la saga et sur ce qui fait la recette de son succès.
Là où Un Nouvel Espoir plantait le décor, avec un résultat plein de débrouillardise mais marquant tout de même un tournant dans l'histoire du cinéma de science-fiction, L'Empire contre-attaque s'annonce comme étant l'épisode de la maturité. Rapidement, la patte d'Irvin Kershner impose son style pour plonger le spectateur au cœur de l'action et l'immerger dans un spectacle qui promet d'être grandiloquent. Car si l'épisode IV proposait une mise en bouche et introduisait le passé de l'ordre Jedi à la manière d'un vieux mythe dont les souvenirs sont désormais épars et lacunaires, l'épisode V vient apporter les clés et les révélations qui font l'essence de ce qui constitue Star Wars. Les grandes batailles, la Force, la philosophie Jedi, tout cela éclate au grand jour dans ce qui constitue certes la charnière de la trilogie, mais aussi de la saga dans son ensemble.
Quand Ben initiait Luke aux arts Jedi et lui dissimulait volontairement des éléments-clé de l'histoire, Yoda, le vieux maître Jedi, cachant sa véritable identité sous une fausse et douce folie, va venir dévoiler ce qui constitue la philosophie Jedi. Il ne s'agit plus seulement d'une maîtrise des éléments, mais d'une complexe relation entre le bien et le mal, d'un véritable art de vie qui dépend de nos actes et de notre volonté. Dans la forêt primitive et hostile de Dagobah, le vieux maître enseigne au jeune élève les grands principes de la vie grâce à des maximes restées gravées dans notre conscience à tous, telles que le fameux "fais-le ou ne le fais pas, il n'y a pas d'essai." Entre la fuite de Han et Leia, l'apprentissage de Luke, et la volonté farouche de Dark Vador de mettre la main sur les fugitifs, l'histoire et les relations entre les personnages se complexifient, et c'est la promesse d'un puissant dénouement superbement amené et qui viendra chambouler le destin des héros de l'histoire.
On sent que, malgré sa postérité immense, l'épisode IV n'a pas pu bénéficier du même perfectionnisme que celui alloué à L'Empire contre-attaque, qui supporte bien mieux le poids des années et impressionne encore par sa puissance, ses visuels grandioses et sa qualité. Egalement représentatif du grand tournant entre les années 70 et 80 dans le domaine de la science-fiction, L'Empire contre-attaque contient toute l'essence de Star Wars, il vient poursuivre le travail de l'épisode précédent consistant à créer une mythologie autour des Jedi et du passé de la galaxie, tout en la cimentant et en devenant le parfait modèle de ce que doit être un Star Wars.
S'il s'agit de l'épisode V dans la chronologie de la saga, il constitue la charnière centrale de cette dernière, en dévoilant la véritable identité de Dark Vador, en intégrant le personnage de Yoda, et en faisant évoluer Luke. Tous les éléments de la prélogie et de l'épisode IV convergent ici lors d'un duel épique où le héros, plein de volonté, fait encore preuve d'immaturité et d'impatience, à l'image de son père autrefois. C'est la fin d'un cycle, et bientôt le début d'un nouveau. L'Empire contre-attaque ne vole pas son étiquette d'épisode préféré du public, tant ce qu'il apporte à l'histoire est important, et tant son rythme, sa grandiloquence, sa complexité et la qualité de la réalisation l'élèvent à un niveau rarement atteint dans le genre de la science-fiction.