Blanco Vanish, et les tâches s'évanouissent !
Sorti il y a tout juste trois mois aux Etats-Unis, L'Empire des Ombres est un echec cuisant, et comme on en voit rarement, n'ayant rapporté que 22.000$, ce qui est une catastrophe en comparaison de son budget de 10 millions de dollars. Afin de sauver les meubles, producteurs et distributeurs s'organisent pour répandre le film le plus rapidement possible, ce qui explique son arrivée précipitée dans les bacs.
• Pour une raison inexpliquée, la ville de Detroit est plongée dans le noir. Encore plus inquiétant, toute vie humaine semble avoir disparu. C'est ce que constate Luke (Hayden Christensen) un matin en se rendant à son travail. Voitures abandonnées dans les rues, vêtements répandus sur le trottoir, commerces vides, radios et télévisions muettes... Seul un bar au fond d'une rue dispose encore de l'électricité grâce à un générateur. C'est là que vont se réfugier les rares survivants alors que la nuit semble avoir envahi le monde et que des ombres rampantes menacent de les engloutir dès que la lumière décline...
Ça ressemble à Phénomènes (The Happening), mais heureusement le ridicule des gens qui tentent d'éviter le vent est laissé de côté pour quelque chose de plus crédible, la peur du noir, un peu à la façon du jeu-vidéo Alan Wake, mais sans les zombies. Point commun amusant, la présence de John Leguizamo, excellent acteur trop souvent relégué aux seconds rôles ou productions moyennes.
Pour en revenir à la peur du noir, à l'inverse de nos angoisses d'enfant qui étaient sans fondement, elle tient ici une place importante car la moindre seconde passée dans le noir vous fera tout bonnement disparaître.
L'idée était bonne, et un survival sortant relativement des sentiers battus était également bienvenu, mais malheureusement l'oeuvre manque de profondeur, d'audace, et surtout de véritables moments de terreur, même si le climat global réussira à installer un minimum de stress, tout du moins pendant sa première moitié. Par la suite, les choses n'évoluent guère, comme si Brad Anderson (qui avait réalisé The Machinist), le réalisateur, savait comment craquer l'allumette mais n'avait aucune idée quant à comment la maintenir allumée. La lumière faiblit, l'obscurité approche, ils trouvent un moyen de la prolonger, et puis le schéma recommence en boucle sans apporter aucun rebondissement, donnant l'impression au spectateur de voir la même chose se répéter sans cesse.
Bien que l'ignoble Hayden Christensen soit de la partie, et qui plus est dans le rôle principal, nos personnages sont plutôt sympathiques, et c'est finalement leur charisme qui donnera un minimum d'intérêt au film et donnera envie au spectateur de regarder la bobine jusqu'à la fin, histoire de savoir ce qu'il va leur arriver.
Bref, L'Empire des ombres est une oeuvre qui déçoit, notamment à cause de deux moitiés trop hétérogènes pour maintenir la tension jusqu'au bout. Anderson a un bon potentiel, mais n'arrive pas à se renouveler, réutilisant sans cesse les mêmes ficelles, qui même si elles marchent plutôt bien au début, finissent par ne plus avoir aucun effet. Comme pour rimer avec l'esprit Shyamalan, il nous sert un final lourd en bondieuserie, afin de s'assurer d'être comparé au réalisateur sus-nommé. Ça marche, mais il y a 10 ans cette comparaison aurait été élogieuse, alors qu'aujourd'hui elle sonne comme une insulte.
Anderson aime le cinéma, et nous le prouve au travers de nombreuses références et citations, dont notamment Les parapluies de Cherbourg avec Catherine Deneuve, mais fort est de constater que même toutes les bonnes intentions du monde ne suffisent pas à faire un film indélébile.
Pour conclure, les inconditionnels du genre auront de quoi se divertir un moment, même si la farce leur laissera l'impression de n'avoir eu que des gressins. Les néophytes seront quant à eux peut-être plus convaincus, tout étant une question d'attentes.
Mention spéciale pour John Leguizamo, parce qu'il est bon et parce que je l'aime bien, qui dispose du meilleur rôle, celui d'un homme qui se rêvait acteur mais est devenu projectionniste, et qui finalement n'aura été dans la lumière que lors de la fin du monde.