A ce jour le seul film ouvertement pornographique intelligent parmi les chefs d’œuvre du 7ème Art, "L'Empire des Sens" transcende littéralement son sujet, sans jamais en refuser la trivialité : Oshima, parfaitement génial, est ici sur les terres de Bataille ("Ce que nous voulons, écrit Bataille, est ce qui épuise nos forces et ressources et qui met, s'il le faut, notre vie en danger") et de Sade (l'essence de la volupté est à l'image du crime...), loin de la sublimation "bourgeoise", érotique, de l'acte sexuel. Oshima réussit à montrer, pour la première fois (la seule ?) sur grand écran, et en toute frontalité, combien le mouvement de la passion érotique est tout entier dans "l'égarement et la démesure" (Nietzsche). [Critique écrite en 1982]