Joachim (Olivier Broche), la soixantaine, vit apparemment en solitaire dans un appartement avec balcon, en étage. En face de chez lui, un club de musculation le fascine. Particularité de ce lieu fréquenté par des hommes à l’apparence bien virile, le gérant (Laurent Eychenne) est un handicapé qui se déplace en fauteuil roulant. Après avoir longuement hésité à entrer dans la salle, Joachim observe ce qui s’y passe depuis son balcon, tout en se mettant à déguster des cornichons qu’il va pêcher dans un gros bocal.
Après une improbable péripétie qui l’incite à se faire tout petit, Joachim tombe sur un nouveau bocal de cornichons dont il n’arrive décidément pas à dévisser le couvercle. Voilà le prétexte tout trouvé pour entrer enfin dans le club de musculation : il y trouvera des hommes qui se feront un plaisir d’utiliser leur force pour lui rendre service…
Sans prétention, ce court métrage aborde plusieurs thèmes sans complexe, le tout en 9 petites minutes. Il est question de timidité, de rapport au corps, du handicap, de convivialité et de fantasmes. En effet, le cornichon peut être considéré comme un symbole phallique. Ce n’est certainement pas un hasard si Joachim en déguste régulièrement et imagine des situations de détournement de l’usage de l’objet cornichon. Bien évidemment, avec son physique banal, Joachim fait petit maigrichon par rapport à ceux qui fréquentent la salle de musculation. Mais on sait bien que les clients du club cherchent à mettre en valeur leurs corps, sans doute pour oublier d’autres complexes.
Le réalisateur (Carlos Abascal Peiró) fait monter la tension, jusqu’à une sorte d’explosion à forte tendance orgasmique, qui permettra à Joachim de trouver enfin sa place et le bien-être parmi ces hommes virils.
Tout cela est mis en scène avec un humour parfaitement mis en valeur par le choix de l’absence de dialogue. Le réalisateur revient au principe de base du cinéma : des images animées qui parlent d’elles-mêmes. Autant dire que cela fonctionne de manière tout à fait satisfaisante.