---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au onzième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Mon ange,


Mon supplice a pris fin, j'ai enfin reçu ta première réponse. Quel délice de lire tes mots, d'imaginer ta main courir sur le papier que je caresse désormais. Bien sur depuis ta rédaction de cette lettre beaucoup de choses se sont passées pour moi, tu réponds à des pensées enjouées qui caractérisaient mon début de mois et qui me semblent désormais bien loin. M'as tu répondu tous les jours comme je t'ai écris ? Aurais-je le bonheur de retrouver un fragment de ton parfum dans ma boite aux lettres chaque jours désormais ? Je l'espère.
Quoi qu'il en soit ta réponse m'étais nécessaire. Je suis partie hier rejoindre la meute sans un regard en arrière, bien déterminée que j'étais d'arrêter toute cette mascarade. Je n'en ai que mieux entraîné mes protégés, un mal pour un bien donc. J'ai passé sur eux toute ma mauvaise humeur, et même si je sais que c'était un peu injuste, franchement, j'ai bien le droit d'être aussi diabolique que le pensent les humains une fois de temps en temps. Je suis rentrée éreintée mais confiante, certaine que si ces idiots reviennent, nous saurons nous défendre. A mon retour j'ai trouvé ta lettre, pleine d'une naïveté insouciante de début de mois. Tes mots sont si remplis d'une certitude infaillible dans le bien-fondé de mon entreprise que j'ai remis mon rage-quit en question. Bon. Finalement la Hammer me semait des indices d'une amélioration future. Certes enrobé d'une multitude de choses médiocres mais tout de même. Elle m'a apporté tellement de bonheur ces deux dernières années, je peux bien lui donner une petite chance de se rattraper cette année. Bref, tu m'as remise sur le chemin de ma recherche, sur ma quête de Wulver à travers le prisme d'une science sorcière et du septième art. J'ai regardé L'empreinte de Frankenstein.


On ne tue pas ses vieux démons si facilement, et aussi puissant soient tes mots, je suis tout de même partie défaitiste. Défaitisme accentué par la pauvreté de l'affiche : Si Christopher Lee s'en était allé dès le deuxième film, probablement pour aller interpréter le prince des ténèbres, c'est ce soir au tour de Terrence Fisher d'abandonner le navire, laissant Peter Cushing seul à porter l'affiche sur son nom.
Le film est assez déconcertant, se présentant comme une suite, mais n'étant la suite de rien. On nous parle plus ou moins subtilement d'un prétendu passé du bon baron, mais ce passé n'évoque aucun film. Quelques éléments semblent correspondre avec les premiers épisodes, mais ne mettent au final que plus en valeur les incohérences qu'ils transporteraient alors. Pourtant, c'est définitivement une suite. Étrange. Ce qui est amusant (je préfère dire amusant que consternant) c'est que le film précédent avait joliment vomi sur le premier opus pour pouvoir en être la suite, tandis qu'il aurait été très facile de faire une suite à celui-ci, qu'aurait été le film d'aujourd'hui, le troisième donc. Comme quoi des fois, ils sont franchement pas finaud à la Hammer.
On suit donc Peter Cushing revenir dans son ancien village, duquel il aurait été banni pour ses expériences jugées diaboliques. A titre d'exemple de ce que je te décrivais plus haut, le village porte bien le nom de celui qu'a hanté notre baron maudit, mais rien dans son récit ne concorde avec les faits qu'on nous a montrés dans l'oups précédent. Son apprenti, nouveau personnage au gout de recyclé, y rencontre une jolie mendiante, sourde et muette. M. Frankenstein, lui, y retrouve surtout sa créature, qu'il s'emploi donc a ressusciter. De là tu peux plus ou moins deviner un schéma somme toute très classique, restant dans la veine des précédents opus. Rien de très novateur donc, mais le studio profite de ce non-enjeu scénaristique pour s'entraîner à rendre sa création plus efficaces. et ça marche. Pas révolutionnaire donc, mais fonctionnel, L'empreinte de Frankenstein marque à mon gout le passage de la licence chez la Hammer au-dessus de la barre des neutres. En continuant cette progression, je devrais voir des demain des "bons films".
La créature progresse elle aussi, se faisant ici presque une amie : notre mendiante sourde-muette, personnage assez intéressant par ailleurs se lie d'affection pour ce gros bonhomme tout cabossé et pas très habile, rappelant encore une fois la scène de l'aveugle, moment de grâce de La fiancée de Frankenstein encore inégalé par les autres adaptations du roman de Mary Shelley. De sensée dans l'opus précédent, la créature passe encore un cap aujourd'hui et deviens aimable car aimée. Belle progression.
Les personnages gravitant autour du duo deviennent intéressant également, autre progrès notable. L'assistant un peu benêt, la jeune mendiante donc et surtout cet hypnotiseur beau-parleur et tricheur, complexe et passionnant. En plus, le personnage en question relève le double-défi d'être intéressant et de rendre au passage le personnage de Frankenstein lui-même moins inintéressant. Car en changeant de tête le chapeau du vrai méchant, le film retire au baron un poids qui était devenu trop lourd à porter pour un personnage qui sombrait peu à peu dans une caricature de lui-même. Frankenstein redevient alors un tout petit peu le papa gaga et pas très sain d'esprit d'un enfant dont il ne peut s'empêcher d’être fier malgré toutes ses défaillances qu'il était dans les précédentes versions de l'histoire.


Je commence à retrouver un peu du sens à mon enquête, la piste que je suivais se réveille, et les films sortent de l'obscurité. Merci de m'avoir ramenée une fois de plus à la raison, de m'avoir donné tout le courage qu'il me faut pour continuer, encore une fois.


Bon courage avec ta propre meute, je lis que pour toi aussi le danger rode mais je ne me fais pas de soucis pour toi, après tout ce que tu as traversé.
Tu es le courage incarné.


H.

Zalya
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le 16 nov. 2018

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Zalya

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