L'empreinte de Frankenstein est le troisième film de la série consacrée au baron Frankenstein par la Hammer. Les deux précédents, Frankenstein s'est échappé (1957) et La revanche de Frankenstein (1958) ont été réalisés par Terence Fisher. Ce dernier a fait du baron Frankenstein, interprété par Peter Cushing, un savant matérialiste passionné mais cynique, sans scrupule, prêt à tout, même au crime, pour arriver à ses fins. D'autre part, les deux films se détournent soigneusement et volontairement, pour des questions de droits, du style et des scénarios des Frankenstein de la période Universal, notamment les deux chefs-d'œuvre de James Whale. Freddie Francis opère ici un retour aux sources, permis par le fait d'un accord avec la Universal qui prend en charge la distribution du film. D'une part, au niveau de l'esthétique (maquillage du monstre, château, laboratoire, petit village avec folklore transylvanien), d'autre part, au niveau du scénario qui reprend plusieurs thèmes de la Universal notamment la fête foraine, le monstre prisonnier dans la glace (Frankenstein rencontre le loup-garou de Roy William Neil en 1943 et La maison de Frankenstein de Erle C. Kenton en 1944), l'utilisation du monstre à des fins de vengeance criminelle (Le fils de Frankenstein de Rowland V. Lee en 1939). Enfin, le baron est très nettement « décriminalisé ». Il reste certes assez peu moral et n'hésite pas à faire voler le cadavre d'un fils à peine mort à ses pauvres parents au début du film, mais il apparaît surtout comme un homme persécuté par l'obscurantisme religieux et détroussé par des bourgeois infects et sans scrupule. Si le film démarre sur les chapeaux de roue avec une séquence prégénérique (le vol du cadavre ci-dessus mentionné) nerveuse, brutale et magnifiquement filmée, s'il reste très agréable grâce à l'interprétation de Peter Cushing et au savoir-faire de Freddie Francis au niveau de la photo, splendidement colorée dans les scènes de laboratoire, il est pour moi nettement en dessous de ceux de Fisher. Le scénario reste banal et assez mal fichu et, du fait des emprunts multiples aux films de la Universal, le film manque vraiment d'originalité. La copie restaurée de l'éditeur Elephant films est excellente et la présentation du film par Nicolas Stanzick est passionnante comme d'habitude.