Entité perverse
Ah! Allez, un petit plaisir coupable ce soir : un bon petit film d'horreur venu tout droit du début des 80's. Le titre: The Entity. Les acteurs: je connais pas. Le réalisateur : vaguement entendu...
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le 25 sept. 2012
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Sidney J. Furie nous imisce dans la vie de Carla Moran (Barbara Hershey), une mère de famille qui semble avoir de sérieux troubles mentaux : elle dit être agressée sexuellement par une entité maléfique. Très vite, des scientifiques aux premiers abords dubitatifs vont se laisser chacun leur tour convaincre par l'étrangeté de ses maux. Et si ce n'était pas qu'un état psychologique instable ?
La force de L'Emprise réside dans beaucoup de détails qui font de cette adaptation de faits réels une oeuvre pleine et maîtrisée de bout en bout. Si la caution du réel est de prime abord très angoissante, L'Emprise fixe une anxiété constante par le biais de sa bande-son stridente et violente qui survient lorsque l'entité se prélasse autour de sa victime. L'oeuvre marche à tous les instants car jamais les événements surnaturels ne sont balayés d'un revers de main par les protagonistes eux-mêmes ou par un réalisateur qui se jouerait des codes de l'épouvante. L'iréel paraît réel car il l'est. L'échelle de plan est savamment utilisée, oscillant entre les images de groupe et des captations resserrées sur les visages et les yeux, pour étouffer l'audience et repousser les personnages dans une très forte solitude mentale.
Là où L'Emprise est une réussite totale, c'est qu'il utilise constamment tous les éléments mis à disposition de l'oeuvre en elle-même pour faire participer le spectateur à cette géante non-mascarade. Ainsi Sidney J. Furie joue-t-il avec nous lorsque l'héroïne transie de colère décharge son regard sur un miroir. Ses yeux semblent nous fixer, comme si nous étions l'entité et qu'elle était sous l'emprise de notre joug - un passage de témoin très astucieux et comme une porte spatio-temporelle entre les faits réels du récit, notre œil fomenteur et elle coincée dans sa propre dimension. Un travail très intelligent et salvateur a aussi été réalisé sur le cadrage de certaines scènes et le décor global des lieux où elle se sent inconfortable, comme chez son psychologue incrédule. La caméra est toujours courbée par rapport au lieu, ce qui donne souvent des fresques murales obliques et le sentiment d'être en présence de lignes et de formes penchées issues d'une perception différente. Elle sort du cadre de la science et sa folie détourne les codes de l'entendement.
L'Emprise est, par rapport au cultissime Rosemary's Baby, beaucoup plus prompt à faire se rencontrer le vrai et le faux, et ne cherche surtout pas à enjoliver les phénomènes troubles. Il est de fait moins percutant, d'autant que son intérêt ne tourne pas autour de la possession en tant que telle mais d'un esprit qui tente de la posséder. Barbara Hershey nous livre une prestation de haute volée, notamment parce qu'elle rend compte de son sentiment d'exclusion avec une justesse toujours à propos. Un film fort, en deçà de l'effrayante claque de Possession mais avec une volonté d'isolement qui tient la route jusqu'à la fin. L'Emprise est un film riche et intelligent.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes « Tu as un courage et une force de caractère que je n'aurai jamais. », Si tu étais allé à l'école de la vie comme Léa Seydoux, le film aurait duré vingt minutes. Mais il faut toujours que tu n'en fasses qu'à ta tête., Je voulais faire rimer 2015 avec un mot en inze mais il n'y a que quinze donc du coup ça n'a aucun sens, sinon c'est une liste sur mes films vus cette année. - 365 films vus, « Si Joseph d'Arimathie a pas été trop con, vous pouvez être sûr que le Graal, c'est un bocal à anchois. » et Il y a autant de crédibilité dans ce film qu'il y a de naturel sur le visage de EnjoyPhoenix.
Créée
le 23 déc. 2015
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