Bill à Haïti.

Avec La musique de mon cœur et Red eye, L'emprise des ténèbres aurait pu être un des films où Wes Craven ne tâterait pas du genre horrifique. Il ne faut jamais oublier que c'est un réalisateur qui n'appréciait pas plus que ça l'horreur, mais comme c'est avec ces films-là qu'il avait le plus de succès, et qu'il ne pouvait rien tourner d'autre que ça, il devait s'y faire, avec certainement des regrets...

L'emprise des ténèbres est au départ un film assez étonnant, qui flirte avec le documentaire, en l'occurrence filmer Haïti, avec Bill Pullman qui joue un anthropologue chargé de ramener à des entreprises pharmaceutiques un poison trouvé sur place qui ramènerait les gens morts à la vie. Mais sa vision du pays va le transformer et le plonger dans une sorte d'horreur.
Il faut d'abord dire que Bill Pulman, qui est de tous les plans, est formidable, avec un visage de plus en plus ravagé au fil de l'histoire, et détail, sa démarche qui se fait de plus en plus hésitante. Car il est en quelque sorte un spectateur actif du drame qui se passe en Haïti, à la fois de ce qu'il cherche, et de ce qu'il vit, une révolution politique dont on en voit quelques bribes, mais qui donnent des plans très forts.

Le film se révèle en fin de compte étonnant, de par son approche documentaire (rappelons que Wes Craven vient au départ de ce genre), où la sueur se voit sur les visages ruisselants des habitants, pour basculer dans un final horrifique, imposé par le studio, qui va abimer le film selon moi.
Dommage car à part cette dernière partie, le film est une belle réussite, mais à ne pas recommander à tout le monde.