Cinq ans après la mini-série télévisée « Pervers Narcissique », Laetitia Møller nous rapproche de son incursion au cœur du groupe Astéréotypie, né dans un institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine. Caméra à l’épaule et un regard neutre sur le processus créatif des chansons, c’est tout simplement de l’authenticité que l’on cherche à capter. Cet aspect de la communication passera ainsi par chaque autiste, dont on viendra explorer les angoisses et les limites. C’est ce qui ajoute une certaine poésie dans le choix des compositions et des paroles chocs, qui viennent des tripes et c’est tout ce que l’on demande d’un documentaire aussi bienveillant.
Une poignée de jeunes se battent ainsi dans les coulisses de leur condition, dont la thérapie artistique consiste à témoigner de leur candeur. Le rock y est propice par bien des manières, où l’instrumental accompagne avec fureur et dans le même souffle, chaque syllabe énergétique ou rageur des chanteurs. Quatre hommes et une femme deviendront alors les premières mascottes, les premiers visages à convoquer de l’humanité dans un univers qui tend à toucher un maximum d’audience et à l’unifier par-dessus tout. La voix seule ne compte pas, il reste l’écoute que le spectateur peut satisfaire, par sa compréhension des enjeux, le plaçant dans une réflexion ludique et musicalement jouissive.
Les concerts constituent ainsi l’aboutissement d’un travail de confiance et de patience, notamment tenu par le médiateur et guitariste Christophe L’Huillier. Avec ses protégés, ils brassent des thématiques en tout genre, que ce soit le cinéma ou l’Histoire. De « Ponyo sur la falaise » à « Marie-Antoinette », on ressent tous les sentiments qui se dégagent des paroles, simples et lourdes de sens en même temps. C’est un premier pas vers une intimité, livrée sans complexe, sans fourberie et avec une justesse qui n’a d’égale que leur humanité rayonnante. Ces messages d’espoir ne cessent de résonner à en électriser la foule et jusque dans l’Élysée et la pertinence des images réside également dans l’optimisme, au détriment d’une vision exclusivement bouleversante et larmoyante.
En restant à bonne distance de son sujet, Møller libère véritablement « L'Énergie positive des dieux », malgré les doutes et la tension qui précèdent chaque prestation en public. L’autisme n’a donc plus vocation à être vu comme un handicap particulier, car à l’image des titres parfois farfelus des tubes produits, on se laisse séduire par autant de complicité sur scène, comme dans la sphère privée, qui n’a rien à cacher et qui a tout à transmettre. En attendant leur prochain album des plus habités, leur dernier soutient fièrement et habilement que « Aucun Mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme », une analogie des célébrités qui nous fait autant sourire que réagir avec conviction.