L'Enfance de Gorki par Nwazayte
Un film réjouissant, joli témoignage autour de l'enfance pauvre du célèbre auteur russe Maxime Gorki. Replaçons le film dans son contexte : nous sommes en 1938, en pleine vague de propagande idéologique stalinienne. Donskoy décide donc avec l'aval des autorités officielles (je présume ^^) de réaliser une trilogie autour de la vie et des oeuvres de Maxime Gorki, fameux écrivain russe mais surtout écrivain pro-soviétique, décédé à peine deux ans auparavant. Tous les ingrédients sont a priori réunis pour faire un film bien propagandiste comme Staline sait, à l'époque, si bien les produire.
Mais un élément détonne : dans la peinture réaliste, naturaliste même qui est faite de ce microcosme familial pauvre, délabré, dans lequel grandit le jeune Gorki, Donskoy ajoute un élément inattendu, l'émotion. D'abord, le film se refuse toute connotation politique. Oui, Gorki vit dans un milieu pauvre, il est contraint de travailler et de mendier très jeune pour subvenir aux besoins de sa famille. Pour autant, Donskoy refuse tout misérabilisme dans sa description. Il s'agit moins ici d'insister sur la violence des conditions de vie de Gorki (que Donskoy n'a cela dit pas peur de montrer) que de faire vivre des personnages. L'accent est délibérément et résolument placé sur les relations qu'entretient le gamin avec son entourage, de l'amour profond qu'il porte à sa grand-mère, à la crainte ambigüe que lui inspire son grand-père.
C'est un film simple qui est fait ici, très réaliste, réalisme soviétique stalinien oblige, mais d'un autre côté, profondément jovial sur certaines séquences. D'autant plus que Donskoy, malgré la forme simple de son film, presque théâtrale parfois puisque une grande partie se déroule en intérieur, est loin d'être un tocard en matière de cinéma et de mise en scène, pigmentant ici et là son film de plans sublimes en extérieur.
Donskoy compose donc un métrage dramatique mais empreint d'une espérance puissante, réaliste mais jamais misérabiliste. Le bémol très personnel que je lui oppose : à part la fin, le film ne m'a pas vraiment touché, ce qui est dommage.
Mais respect. Et puis, j'aime à penser (peut-être à tort) que le film a inspiré un certain Sergei Solovyov pour son merveilleux Pigeon sauvage ...