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Pas horrifique, mais efficace dans sa tension !

Le film m'a plu, sauf la fin.
C'est un film d'épouvante à base de surnaturel, mais pas un film horrifique comme pourrait inviter à le penser le mauvais choix racoleur pour l'adaptation française.
Il s'agit d'une histoire de maison hantée avec une prologue qui décale une attente.
Le début du film, on voit une famille joyeuse poussée une voiture sur une route enneigée, au beau milieu de la Nature et des monts. On pourrait penser à une progression vers la solitude de la maison hantée comme dans d'autres films, mais non il s'agit d'un prologue pour raconter le drame vécu par le protagoniste principal du film. On nous raconte la perte de sa femme et de sa fille ce jour-là.
Traumatisé, le personnage principal est un brillant musicien, qui donne même des cours très suivis, très appréciés, et qui essaie de refaire sa vie. Il a pris une nouvelle maison où il vit seul, et avec une indifférence à la logique et aux problèmes d'entretiens, le voilà dans une maison immense. Il y a bien un employé, mais celui-ci est rapidement sorti du film.
Cet homme est seul avec la maison, et la maison vit. Elle lui fait un "concert" pour le réveiller deux jours de suite à six heures du matin, les portes s'ouvrent toutes seules. Ce qui est bien, c'est qu'on n'a pas le jeu classique de la porte qui s'ouvre et qui laisse entrer quelqu'un, histoire de nous dire que ce n'était qu'une fausse alerte. Le fait rassurant ou rationnel vient plutôt sur la bande pour distraire un personnage qui demeure tout de même perplexe.
Le film joue aussi sur un autre aspect. Le héros admet assez nettement qu'il se passe des choses irrationnelles dans la maison, mais il va de l'avant, refuse de fuir la maison, de prendre des précautions. Il y a un fait anormal à l'étage, il comprend que c'est du fantastique, mais il va voir. Il finit même pas impliquer une femme qui s'intéresse à lui dans ses démarches de fouilles. Il va de soi que cette idée a quelque chose d'illogique en termes de psychologie du personnage, mais c'est très efficace pour que le spectateur ressente la tension à la place du personnage principal. Il ne la prend pas sur ses épaules et donc nous la délègue.


Après de premières salves d'événements étranges, il découvre que quelqu'un a ouvert le robinet dans la cuisine, il vient fermer le robinet. Il entend un autre bruit d'eau et monte et se met à chercher la pièce d'où vient le bruit, et il va trouver la salle de bain, y entrer et sans jamais regarder dans son dos, sans rien inspecter, il ferme ce second robinet. Certes, là, il y a une vision d'épouvante qui complète la scène, mais l'intérêt c'est cette façon de se comporter comme si l'irrationnel n'était pas plus que le rationnel. D'ailleurs, après la vision, il recule dans le couloir dos à la caméra, comme s'il allait se passer quelque chose d'autres, et en fait non on passe à autre chose. Normalement, qu'on accepte l'irrationnel ou qu'on cherche une explication rationnelle, on a déjà identifié une provocation et une capacité humaine à tourner deux robinets l'un après l'autre, donc on sait qu'on est en danger. Notre personnage accepte de vivre dans ce danger. Pourtant, la fenêtre qui a volé en éclats était plutôt agressive un peu auparavant.


Un autre aspect du film, c'est aussi la manière de couper les scènes. Nous avons quelques scènes marquantes, mais le réalisateur ne fait pas de fin de scène avec les réactions des personnages, de l'émotion, etc. Il y a une scène de spiritisme avec une apogée de la tension, mais image suivante le protagoniste est seul en train d'essayer de comprendre les leçons de l'événement. On n'a pas eu à la fin de la séance de spiritisme le départ des gens. C'est pareil avec la femme qui tend à venir aider notre héros. Elle voit une scène très dure, mais on passe directement au lendemain, en pleine journée, avec nos deux personnages qui poursuivent leurs investigations. On échappe à la mise en scène des larmes, des cris, à l'échange aussi entre deux êtres humains après un coup éprouvant. On reste dans la tension froide de l'intrigue.
Le film nous inscrit plus volontiers dans un malaise qui progresse que dans des scènes qui font sursauter. Il faut dire aussi que la première moitié du film, voire les deux tiers sont peu chargés en effets d'épouvante. Et c'est pourtant la meilleure partie du film car elle est contagieuse et virale malgré tout.
Le problème vient de la fin du film où le fantastique a un plus fort déploiement. La maison hantée prend des initiatives plus vengeresses. Au départ, ça continue de paraître bien conçu, car le héros a essayé de comprendre la maison et de résoudre son problème, mais la maison réagit avec colère contre lui. On sent que les repères sont en train de basculer. Malheureusement, la fin du film engage une surpuissance surnaturelle qui est un peu en-dehors du propos tenu par le film jusque-là, et surtout on a un mélange pas très réussi entre une histoire de magouille honteuse du monde humain et le surnaturel. Et ça ne passe pas du tout.


On l'aura compris. Il y a eu un meurtre dans la maison, celui d'un enfant tué par son propre père, sauf que cet enfant a été remplacé par un autre d'un orphelinat voisin. Pour faire passer le remplacement, le nouvel enfant a été envoyé douze ans en Europe. L'enfant était malade en fauteuil roulant et avait peu de chances d'atteindre les 21 ans. Or, s'il n'atteignait pas les 21 ans, le père perdait l'héritage lié à un testament en faveur du fils. Le père a anticipé en tuant son fils et en le remplaçant par quelqu'un qui est actuellement un sénateur réputé. L'enfant de la maison crie vengeance et veut faire tomber l'imposteur. S'il est clair que le sénateur est véreux, il faut tout de même avouer que le meurtre et le mauvais coup monté par le père il n'y est pour rien. Et cela rend l'idée d'une vengeance venue de l'au-delà peu convaincante. Le truc ne s'enchaîne pas naturellement dans notre esprit. Et cela s'accompagne d'une débauche d'effets spectaculaires qui vont d'ailleurs bien au-delà de la maison hantée, puisqu'un policier est tué sur la route, tandis que le sénateur, il est vrai à cause du médaillon, se retrouve en contact spirituel avec l'incendie final de la maison maudite. Certes, il y avait déjà eu la balle jetée dans un fleuve et réapparue à la maison, mais la fin du film n'est pas en harmonie avec tout ce qui a précédé. C'est mal ficelé et c'est de gros effets mais qui atteignent peu. Ceci dit, même dans les gros effets de la fin, il y a du bon. Le personnage lutte contre le vent pour monter les escaliers, ou l'escalier prend progressivement feu.


Le film étant de 1980, il est difficile de ne pas mentionner un air de famille avec le film Shining où le héros, s'il n'est pas seul, se retrouve dans une grande propriété avec son métier d'écrivain (contre un musicien ici). On a d'ailleurs une scène de poursuite avec une chaire roulante pour enfant vide qui n'est pas sans rappeler la fin de Shining avec steady-cam et labyrinthe.
Pour la réalisation, le film joue au début sur les symétries (pièce vide, pièce remplie, etc., etc.). Le film joue naturellement sur les perspectives offertes par l'idée d'une immense demeure spacieuse avec plein de portes et des couloirs assez longs. J'ai vu que c'était signalé dans un autre commentaire, et je suis d'accord, j'ai bien aimé la composition picturale de la balade à cheval vue de loin avec le reflet du paysage dans le lac et les oiseaux qui s'envolent. Les cadrages m'ont paru bons sans être marquants, prononcés et voyants.
Cependant, je suis tout de même un peu moins marqué par les couleurs et les éclairages dans l'ensemble. A part la scène à cheval, ce n'est pas un film qui offre des images mémorables. Ce qui est déterminant, c'est le jeu des acteurs, la manière de couper les scènes pour ne pas s'épancher et la force du récit sur les deux premiers tiers du film avec une épouvante qui n'est pas à effets, mais qui est construite.

davidson
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le 19 juil. 2021

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davidson

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