Les forêts sont toujours photogéniques et souvent oppressantes. Et le travail du bois fascinant et dangereux, on le sait depuis Les grandes gueules. Avec L'enfant rêvé, direction le Jura, joliment filmé par Raphaël Jacoulot, et personnage essentiel du film dès lors que des événements tragiques (et romanesques) ne peuvent qu'arriver dans ces somptueux paysages. Drame en scierie, donc, au sein d'un triangle amoureux boisé où le désir d'enfant vient exacerber les tensions et les passions. Le film épouse surtout le point de vue masculin et délaisse un peu, hélas, la gent féminine, provoquant un certain déséquilibre narratif qui finit par plomber le récit vers son dénouement, franchement décevant. Certaines scènes d'explication, nécessaires et attendues, sont par ailleurs absentes, dans un scénario qui n'est pour autant pas si mal construit mais dont l'enchaînement des situations pêche tout de même par manque de fluidité. En revanche, rien à reprocher à l'interprétation, bien au contraire. Jalil Lespert donne à son personnage une lourdeur terrienne qui correspond bien au tempérament obsessionnel qui le caractérise. Match nul entre Louise Bourgoin et Mélanie Doutey, toutes les deux convaincantes dans des registres différents. Dommage simplement, en particulier pour la deuxième, qu'elles n'aient pas suffisamment de temps pour exprimer leur talent.