Ce film est considéré comme le premier long-métrage italien. Pour marquer le coup, on a choisi d'adapter the classique de la littérature italienne : la Divine Comédie de Dante.
Pendant plus d'une heure, ce sont des tableaux de l'Enfer qui vont se succéder les uns après les autres, un peu à la façon de Jigoku (l'Enfer) de Nakagawa Nobuo. Pour les moyens de l'époque, les effets spéciaux et la mise en scène sont encore surprenants aujourd'hui. Cet enfer ne fait pas frissonner, mais les différentes toiles offrent au pire des moments sympathiques grâce aux trucages à l'ancienne qui témoignent d'un indéniable savoir-faire. On retrouve ainsi des effets proches de Mélies, de même pour les décors en cartons pâte.
L'enfer de Dante est d'inspiration chrétienne et gréco-romaine, les possibilités de tableaux fantastiques sont donc nombreuses : démons, monstres, pluie de feu, tourbillon d'âmes volantes, têtes coupées, effets théâtraux, acteurs câblés, surimpressions, jeux d'échelles pour les géants (du Ray Harryhausen avant l'heure) même un ancêtre du morphing. Si bien sûr, l'ensemble peut faire aujourd'hui sourire, pour l'époque si on veut bien se dire que le film a plus d'un siècle c'est impressionnant.
Dans l'oeuvre originelle, Dante traverse l'Enfer, le Purgatoire pour arriver au Paradis, mais le métrage durant un peu plus d'une heure, on ne verra que l'Enfer.
On pourra penser au film Häxan de Christensen sur la sorcellerie (1922) pour les nombreuses scènes hallucinées et pour la nudité très présente. Par rapport à ça, il faut noter que les nus féminins sont très peu nombreux en comparaison de leurs homologues masculins...
Enfin, la musique est originale pour un film muet puisqu'elle est composée par Tangerine Dream. On a donc une partition que pour ma part j'aime beaucoup. Elle confère une atmosphère envoûtante et mystérieuse à ce petit bijou du muet.