Tatouées avec amertume
Il me tardait de découvrir ce Teruo Ishii dont j'appris honteusement l'existence il y a peu. Son univers me laissait entrevoir quelque chose de crade, d'amoral mais non dénué d'un certain...
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le 24 mai 2021
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Teruo Ishii, d'après son "Blind Woman's Curse", laissait entrevoir un penchant pour la série B au féminin, dans un film de vengeance plutôt maîtrisé. Mais il ne laissait aucunement entrevoir l'étendue de sa perversion, tant "L'Enfer des tortures" (s'inscrivant apparemment dans une série de films ayant pour thème la torture) se complaît dans son fétichisme des corps féminins dénudés, tatoués, et maltraités.
En entrée : une séquence de torture sortie d'on ne sait où, sans lien manifeste avec le reste, sortie d'un esprit particulièrement torturé. Il est question de crucifixion avec lacération vaginale, de corps enterrés jusqu'à la tête qu'une scie géante vient découper. Rien que ça.
En dessert : un démembrement de fou furieux avec un corps attaché à deux arbres courbés qu'on relâche en coupant des cordes. Brrrrr.
En plat de résistance : une quantité incommensurable de tortures diverses avec corps de femmes tatoués et suspendus, avec les cordages autour des seins bien mis en évidence, et que des hommes viennent rosser sans retenue. En supplément : crevage d'yeux.
La chose la plus regrettable dans cette histoire, indépendamment de la violence graphique (bien que la nudité prenne rapidement le dessus sur le gore) et de la complaisance dans la maltraitance du corps féminin, c'est quand même de voir Ishii développer un univers aussi travaillé, avec des images aussi léchées, pour s'en servir de cadre à un scénario vide, vain, bâclé, superficiel. Pourtant la matière est clairement là, avec la production de geishas tatouées à une échelle quasi industrielle — parfois pour des Européens friands de ce genre de curiosités exotiques. Dans cet écrin un brin chtarbé, on assiste à la confrontation entre deux tatoueurs, deux grands artistes, deux grands rivaux. Un certain potentiel se dessine.
Mais on s'attache plutôt à des détails, à une course-poursuite dans un marché à la dimension horrifique exacerbée, à l'influence du saké sur les tatouages (belle hallucination ce passage), à des travestis sur un bateau, et surtout à une exhumation d'un corps putride des tripes duquel une femme extrait une clé pour tenter, vainement, d'ouvrir sa ceinture de chasteté. Certes, certains tatouages sont très beaux. Mais la thématique de la femme reléguée au statut d'objet, quand bien même ce serait une œuvre d'art, aurait pu être bien plus fouillée.
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Créée
le 22 janv. 2021
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